3 questions à StÉphane demilly, Sénateur de la somme
Le 6 avril dernier, vous avez alerté le Président de la République à propos des difficultés auxquelles fait face la filière betterave-sucre-éthanol. Pouvez-vous nous expliquer les enjeux de cette situation ?
Cette filière est aujourd’hui fortement fragilisée par la perte de solutions de protection efficace des cultures, et par des investissements lourds à opérer pour décarboner la production.
Elle subit donc un effet ciseau mortifère : moins de production, du fait de l’interdiction de toute dérogation pour les néonicotinoïdes en enrobage de semences, et plus d’investissements pour parvenir à la neutralité carbone des sucreries (ce qui représente 100 à 200 millions d’euros par site, or il y a 21 sucreries en France…).
Comment répondre aux besoins de cette filière ?
La filière betterave-sucre-éthanol a besoin d’un accompagnement financier pour faire face à ses nombreux investissements, ainsi que de politiques publiques qui garantissent un cadre règlementaire stable et pérenne.
Cette filière contribue spécifiquement à répondre à notre souveraineté alimentaire, tant humaine qu’animale ; à notre souveraineté énergétique, avec la production de bioéthanol et la méthanisation ; mais aussi à notre souveraineté sanitaire, avec les applications pharmaceutiques du saccharose et de l’alcool, et la production de gel hydroalcoolique.
Les enjeux de souveraineté ont été mis en lumière par les crises récentes que notre pays a rencontrées. Il est urgent de soutenir les filières françaises qui garantissent notre souveraineté nationale !
Quel avenir pour cette filière après l’interdiction de toute dérogation pour les néonicotinoïdes en enrobage de semences ?
Le plan d’accompagnement et d’indemnisation de la filière annoncé par le Ministre de l’Agriculture est indispensable. Mais ces futures mesures suffiront-elles à maintenir la filière jusqu’en 2026, date à laquelle les alternatives seront opérationnelles ? C’est une question urgente et légitime de la part des acteurs betteraviers.
Une filière qui s’effondre entraîne avec elle de lourds dommages sociaux-économiques pour le territoire concerné. Aujourd’hui, ce sont 44 500 emplois concernés, dont 24 000 betteraviers. Maintenant plus que jamais, des aides spécifiques et une stratégie politique durable sont attendues.