3 questions à

Laurent Dahmani, Président de la fédération du Var

 

Laurent Dahmani, Président de la fédération du Var et chirurgien urologue

 

Pourquoi le secteur hospitalier s’est-il mis en grève les 20 et 21 juin ?

L’hôpital est à l’agonie. Avec plus de 20 millions de passages dans les services d’urgences, les structures hospitalières sont confrontées à de lourdes difficultés. Mais c’est en fait l’ensemble du système de soins que nous devons réformer.

En mars 2020, la pandémie de Covid-19 a mis le secteur hospitalier public et privé sous tension. La situation ne cesse de s’accentuer comme le dévoile le rapport du Sénat de 2022 s’inquiétant de l’aggravation du malaise hospitalier. On note une accentuation des départs en cours de carrière et de grosses difficultés de recrutement. Cette désaffection amplifie encore ce malaise pour le personnel restant. Des professionnels de santé ont alerté le pouvoir public sur le risque de rupture d’accès aux soins.

 

Comment le gouvernement a-t-il réagi face aux problèmes du système de soins ?

La réponse du gouvernement a été sans surprise avec la création d’une énième commission d’urgence et la réponse syndicale également sans surprise avec des grèves et demande de financements toujours plus importants.

La solution ne pourra être que globale englobant tout le système de soins qui est sclérosé depuis tant d’années. Aucune réflexion avec des réformes justes et nécessaires n’a été proposée depuis des années. Comme pour le nucléaire, nous découvrons en phase terminale un système à l’agonie.

Au total, 42% des Français ont déjà eu recours aux urgences alors que leur situation de santé ne l’exigeait pas vraiment, ce qui est confirmé par la cour des comptes. Le manque de médecins généralistes est criant. Nombre de Français n’ont pas de médecin de famille déclaré. Ainsi, les urgences semblent assurer de plus en plus de nouvelles fonctions : développement d’un nouveau mode d’accès aux soins hospitaliers, réponse à des besoins non satisfaits.

 

Comment les territoires peuvent-ils être utilisés comme principaux leviers de l’investissement et de la gestion en matière de santé ?

Le système Français de soins doit être profondément remodelé, avec comme idée centrale la décentralisation. Les territoires doivent être les principaux leviers de l’investissement et de la gestion en matière de santé. Des structures telles que celles de Valenciennes ont montré l’exemple. L’État doit donner les pleins pouvoirs à la Région pour structurer de façon adéquate les besoins de la population. Cette reprise structurelle pourra juguler le problème des déserts médicaux qui engendrent à eux seuls une profonde inégalité entre les Français.

Le chantier est resté à l’abandon pendant des années. On découvre dans l’urgence l’ensemble des problèmes et conséquences sur les Français. La solution ne viendra pas à coup de milliards qui n’apaiseront que les syndicats. La France doit revoir son système en profondeur pour l’intérêt général.

 

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