3 questions sur la pénurie de médicaments à Grégory Tempremant
Grégory Tempremant, Secrétaire national de l’UDI à la Santé, Conseiller municipal de Comines (59), Conseiller régional de la Région Hauts-de-France et Pharmacien
En juin dernier, dans une tribune consacrée à la pharmacie, vous alertiez sur le manque de médicaments en France. Aujourd’hui, la France semble s’enfoncer davantage dans ces pénuries. Mais qu’en est-il réellement ?
Depuis des années, nous tirons la sonnette d’alarme concernant les pénuries de médicaments. Toutefois, en tant que pharmacien, je n’ai jamais été confronté à une situation aussi préoccupante. Il nous manque des antibiotiques, des corticoïdes, des médicaments pour le diabète, l’ostéoporose, les vertiges…
Cette réalité est source d’angoisse pour les patients et est chronophage pour les pharmaciens qui doivent constamment chercher des alternatives sans aucune visibilité ni perspective d’amélioration. Des comportements inédits émergent, comme le troc de médicaments sur les réseaux sociaux, ce qui est extrêmement dangereux. La situation est déjà tendue et risque de s’aggraver avec l’arrivée des pathologies hivernales.
Quelles en sont les causes ?
Le ministre de la Santé pointe du doigt les pharmaciens qui surstockeraient. Ces allégations sont non seulement inadaptées à la réalité de la situation, mais elles constituent aussi une faute morale. Le gouvernement propose des mesures palliatives inefficaces, telles que la délivrance à l’unité. Cependant, le problème est bien plus profond, avec des causes multiples.
L’Europe est excessivement dépendante de la Chine et de l’Inde en matière de matières premières. Les prix actuels des médicaments ne permettent pas de couvrir l’augmentation des coûts des matières premières, ni des conditionnements (verre, aluminium, carton…) et des frais logistiques.
Quelles sont les solutions ?
Nous sommes à un tournant après avoir constamment réduit le prix des médicaments pour équilibrer les budgets des Projets de loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) successifs. Le PLFSS actuellement en discussion semble ignorer les conséquences post-covid. Il est impératif de conclure un « new deal » avec l’industrie pharmaceutique pour continuer de financer l’innovation tout en assurant l’approvisionnement des pays de l’Union Européenne en médicaments essentiels. Une plus grande transparence est également nécessaire à chaque étape de la chaîne du médicament.
Dans un contexte économique tendu pour les pharmaciens d’officine, il est crucial de valoriser les actes d' »interventions pharmaceutiques » et de promouvoir les Tests Rapides d’Orientation Diagnostique. Le bon usage des médicaments est en effet un enjeu majeur pour notre société.
Il est surtout vital de réindustrialiser l’Europe afin d’avoir la capacité de produire nos propres médicaments. Lors des dernières élections européennes, l’UDI était le seul parti à plébisciter une politique européenne du médicament. Un seul pays ne saurait produire l’intégralité de la pharmacopée ; la stratégie et l’ambition doivent donc être européennes. C’est un enjeu de santé publique et de souveraineté, surtout dans un contexte géopolitique fluctuant. Pour moi, c’est une priorité à mettre en avant lors des prochaines élections européennes.