L’Union européenne et l’agriculture française
Philippe Rouault, Adjoint au maire de Pacé (Ille-et-Vilaine)
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au salon de l’agriculture ?
La France n’est plus autosuffisante sur le plan alimentaire, la perte de souveraineté s’accentue : Le déficit annuel de production en viande bovine se creuse de 400 millions € cette année pour atteindre 800 millions €, il est de 300 millions € en production porcine. La situation est encore plus dégradée pour la volaille, un poulet consommé sur deux est importé, le déficit dépasse les 800 millions €.
Les accords de libre-échange actuellement en discussion (Mercosur, Australie) inquiètent fortement et risquent d’entrainer une concurrence inacceptable.
L’agriculture biologique vit une crise très difficile.
Quel rôle pour l’Union Européenne ?
La stratégie Farm to Fork (De la ferme à la fourchette) nécessite d’être revue afin de prendre en compte le contexte géopolitique mondial et d’accroitre la souveraineté alimentaire européenne. Une meilleure préservation de la biodiversité et une décarbonation de l’agriculture est possible sans diminuer les surfaces cultivables.
Interdire certaines molécules ou pratiques d’exploitation au niveau européen ou national n’a pas de sens si l’importation des produits ne respectant pas les nouvelles contraintes est autorisée, le problème est alors déplacé et hors de contrôle.
La première étape de la décarbonation est la relocalisation des productions déficitaires pour lesquelles nous disposons d’un savoir faire d’excellence et de conditions idéales (sol, climat). Rien ne sert de diminuer la production française si c’est pour importer et permettre son développement ailleurs dans le monde. La décarbonation doit s’apprécier à l’échelle planétaire.
Quelles mesures devraient être prises ?
Le territoire français est suffisamment vaste et diversifié pour permettre le développement de toutes les formes d’agriculture (conventionnelle, bio, conservation des sols) sans opposer les unes au détriment des autres.
Le défi de l’eau avec l’allongement de son cycle de en créant des réserves adaptées à chaque territoire mérite mieux que le rejet systématique. Qui s’opposerait à la récupération de l’eau pluviale en milieu urbain pour permettre la création d’une petite ferme maraîchère bio ?
La simplification des règles permettant de regrouper les ateliers d’élevage est attendue.
Ne pas surtransposer les règles européennes devient une urgence.