3 questions à Pascal deMarthe, Maire d’abbeville
Pascal Demarthe, Maire d’Abbeville, Président de la Communauté d’agglomération de la Baie de Somme, Conseiller régional des Hauts-de-France et et co-président de la fédération de la Somme
« Pour ne plus opposer fin du mois et fin du monde ! »
Face à l’inflation d’un côté et au bouleversement climatique de l’autre, nous sommes souvent confrontés à des problématiques qui s’opposent. Qu’en pensez-vous ?
Nous ne pouvons plus opposer les « fins de mois difficiles » aux enjeux climatiques. Ce discours n’est plus tenable à moyen terme. Nous devons revenir au bon sens et je dirais même aux « fondamentaux ».
Dans nos collectivités, nous avons de très nombreux exemples de ce que nous pouvons accomplir, souvent avec peu de moyens mais en nous appuyant sur des passionnés.
Le pragmatisme et le savoir-faire local sont bien souvent la clé à de nombreux maux de notre temps.
Dans votre ville d’Abbeville, vous avez décidé de travailler concomitamment sur l’insertion professionnelle, le développement durable et la fourniture de denrées alimentaires accessibles aux personnes les plus fragiles. Pouvez-vous nous en parler ?
Avec l’appui de partenaires, nous avons en effet créé un chantier d’insertion tourné vers le maraîchage.
En Octobre 2021, nous avons ainsi validé la création d’une parcelle de culture de 5000 m² avec la possibilité d’aller jusqu’à 10 000 m² dans un second temps.
Ce chantier permet de faire travailler et de former, tout au long de l’année, 18 personnes éloignées de l’emploi aux techniques du maraîchage.
Les productions de fruits et de légumes ont vocation à alimenter notre épicerie sociale, notre restaurant municipal tourné vers les aînés, une résidence senior, mais aussi nos cantines scolaires.
Nous avons donc là une triple démarche professionnalisante, environnementale et sociale.
Il s’agit d’un beau modèle qui pourrait être dupliqué. Comment pourrions-nous développer ce type d’initiatives ?
Nous avons réussi à faire aboutir ce projet grâce à une véritable volonté politique, à la passion de nos équipes, mais aussi à nos différents partenaires qui nous ont fait confiance.
Malgré les différentes lois de décentralisation, notre pays est toujours beaucoup trop centralisé et peine à s’inspirer des expériences locales. De nombreuses solutions à des problèmes nationaux se trouvent dans nos communes.
Je plaide donc pour un renforcement du soutien aux initiatives communales et intercommunales, pour le partage d’expérience entre nos échelons de proximité et pour le développement d’outils juridiques renforçant notre liberté d’actions sur ces sujets qui nous concernent tous.