3 questions à Sophie Joissains, Maire d’Aix–en–Provence
Sophie Joissains, Maire d’Aix–en–Provence et Vice–présidente du Conseil régional Provence–Alpes–Côte d’Azur
Que retenez-vous de cette nouvelle visite du Président de la République à Marseille ?
Je me réjouis de l’intérêt que l’État manifeste pour la ville de Marseille. Le chef de l’État a promis d’aider Marseille dans tous les domaines structurants : écoles, logement, délinquance, transports… Elle en a profondément besoin. Je souhaite – et la Région s’est également beaucoup impliquée en ce sens – que l’État réussisse et que nous réussissions avec l’ensemble des collectivités concernées.
Ce qui se profilait avec la création de la Métropole Aix Marseille Provence était l’appauvrissement généralisé du territoire ; ce qui non seulement n’aurait pas permis à Marseille de se relever, mais aurait ruiné la Provence immémoriale, terre de Cézanne et de Giono. L’aide providentielle et nécessaire de l’État permettra, je l’espère de tout cœur, de rétablir l’esprit de Marcel Pagnol, mais aussi l’État de droit, dont la précarité à Marseille effraie toutes les communes voisines tant le risque de capillarité est important.
En tant que Vice-présidente de la culture de la Région, je suis ravie de constater que le Président de la République a consacré une partie de sa visite au volet culturel. Renaud Muselier a beaucoup œuvré en ce sens. Le Mucem, musée emblématique conçu par Rudy Ricciotti, a été choisi par le Président de la République pour souligner la singularité de la deuxième ville de France.
Que dit cette visite de la relation entre l’État et les collectivités ?
Il est évident que la ville de Marseille a besoin de l’État. Cependant, la tutelle de l’État sur les communes par la généralisation et la production de préfets en quantité industrielle me semble être une tendance dangereuse pour la démocratie. Les habitants élisent un Maire au sein d’une équipe municipale avec un programme. L’État prive les communes de toute possibilité d’autonomie fiscale (alors que, contrairement à celui-ci, elles ont l’interdiction d’être déficitaires) et de tous leviers financiers, les condamnant ainsi à la dépendance vis-à-vis de lui et des autres collectivités, à l’immobilisme et à l’absence de dynamisme.
Voulez-vous dire que l’État en fait trop ?
Quand l’État nous aide, il n’en fait jamais trop. Mais le mouvement de centralisation à outrance est bien là ; de plus, l’État confond souvent déconcentration et décentralisation. Nous n’avons pas besoin de plus de services de l’État, nous avons besoin qu’il assume pleinement ses fonctions régaliennes et qu’il nous permette d’assumer pleinement les nôtres.
Quand il annonce des décisions qu’il incombe aux communes d’assumer ou de mettre en place, il serait normal et légitime qu’il assume financièrement la mise en place de ses propres décisions. Ce n’est pas l’État qui construit les crèches ou délivre les passeports. Mais c’est après ces annonces que les habitants viennent les réclamer aux communes !
Décentralisons et retrouvons une autonomie financière. C’est seulement ainsi que les habitants retrouveront le lien, la confiance et le sens du politique.
Cela dit, pour Marseille, ce n’est pas trop tôt !
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