Les forêts, un bien commun à protéger

Guislain Cambier, Sénateur du Nord et ancien Président du Parc naturel régional de l’Avesnois

 

L’arbre a eu, de tout temps, une valeur intrinsèque, culturelle, patrimoniale et affective. Par-delà ses aménités propres, il représente, en effet, la longévité, la transmission, un paysage spécifique et un repère personnel.

 

Les modifications accélérées du climat viennent percuter de plein fouet ce symbole végétal. Nos forêts sont fragilisées par des variations météorologiques fortes, la multiplication des parasites et maladies, de mauvaises habitudes culturales. La chalarose s’en prend aux frênes, les scolytes aux résineux et la sécheresse à la forêt de Chantilly, par exemple.

 

L’homme moderne, de plus en plus citadin, périurbain, et découplé des cycles longs naturels, en est d’autant plus désemparé. Son rapport à l’arbre et à la forêt change. On pare de vertus inexactes et court-termistes un écosystème qui demande à œuvrer sur le temps long. La captation carbone, la migration assistée, la résilience des espèces se construisent avec une vision construite et dépassant les opérations affectives. Les opérations de plantation, de sauvegarde, de restauration, la réintroduction de l’arbre en ville ne peuvent être cosmétiques.

 

Les rôles de l’arbre sont multiples et se redécouvrent dans l’agroécologie, la gestion de l’eau, des micro-climats, la biodiversité. Le bois, d’œuvre, de chauffage, de construction, montre des capacités renouvelées. Le lien syncrétique entre l’homme et la forêt apparaît avec plus de force encore.

 

La France, la Gaule chevelue décrite par Jules César, où la surface forestière progresse, tient là l’occasion de renouer avec son indépendance et d’être précurseur dans cette révolution naturelle. La gestion de la forêt, de la haie, privée et publique, doit être interrogée à cette aune.

 

Nous avons donc besoin de reprendre le fil de cette histoire commune. Dans ce domaine, l’ambition politique nécessite le dépassement individuel.