La transition environnementale ne se fera pas sans les collectivités.

Jean-Philippe Dugoin-Clément, Vice-président de la Région Ile-de-France chargé du logement et de l’aménagement du territoire,  Maire de Mennecy et auteur de « L’habitat fait le citoyen »

 

Même pour les pires climatosceptiques, le dérèglement climatique est aujourd’hui devenu une évidence. Il nécessite une action publique forte et résolue afin, d’une part, d’essayer d’en limiter l’ampleur et, d’autre part, d’adapter nos modes de vie et nos infrastructures à cette nouvelle donne.

 

Cette indispensable adaptation, loin d’être facultative compte tenu des conséquences irréversibles du dérèglement climatique, qui, quoi que nous fassions, vont encore s’aggraver dans les décennies à venir avec des épisodes de canicules, de sécheresses, mais aussi d’intempéries de plus en plus violents et fréquents, place nos collectivités locales en première ligne.

 

En effet, l’immense chantier de rénovation thermique des bâtiments pour diminuer leur empreinte carbone (et donc lutter contre le réchauffement climatique à venir) et pour les rendre plus résiliants (et donc répondre à nos besoins d’adaptation) relève essentiellement des collectivités locales. Que ce soit les écoles, les collèges, les lycées, les crèches, les centres de secours, ou encore les équipements culturels, sportifs et sociaux, la majeure partie des équipements publics appartient non pas à l’État, mais aux collectivités.

 

Il s’agit là d’un chantier qui va nécessiter, chaque année, plusieurs dizaines de milliards d’euros d’investissements de la part du bloc local et qui nécessite une réflexion de fond sur le cadre budgétaire et financier qui est aujourd’hui imposé aux communes, aux départements et aux régions et qui doit être revu de fond en comble.

 

En effet, nos collectivités ne pourront pas assumer le devoir de transition écologique et d’adaptation climatique qui s’impose à nous si nous ne revoyons pas profondément nos nomenclatures budgétaires et ne créons pas des financements spécifiques.

 

Ouvrir de nouvelles lignes de crédits (qui aillent bien au-delà d’un fond vert qui s’est bien souvent limité à du redéploiement budgétaire), sortir des ratios d’endettement des collectivités les emprunts faits pour recourir à la transition écologique, permettre via la Banque des territoires des amortissements d’emprunts à taux zéro et sur des périodes très longues pour ces mêmes investissements, ouvrir massivement le recours à un investissement privé et le faciliter en l’accompagnant de déductions fiscales sont autant de solutions auxquelles nous devons réfléchir… très rapidement.