L’agriculture française à la croisée des chemins

Franck Ménonville, Sénateur de la Meuse et agriculteur

Depuis sa nomination le 21 septembre, Madame Annie Genevard a pris la tête du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Parmi les dossiers prioritaires qu’elle devra aborder, figure la crise agricole actuelle. Malgré 10 mois de mobilisation des agriculteurs, les décisions tardent à se matérialiser et celles qui ont été adoptées ne répondent pas à leurs attentes.

 

La situation est très alarmante : la quasi-totalité des filières agricoles sont confrontées à des crises liées à des problèmes sanitaires, des difficultés économiques, et aux changements climatiques. Outre cette conjoncture, l’agriculture française subit également une perte de compétitivité structurelle. La ministre doit agir rapidement pour répondre aux défis immédiats tout en posant les bases d’une transformation durable du secteur.

 

Sans compter les conditions climatiques de cette année qui, marquées par des pluies excessives et un manque d’ensoleillement, ont eu des répercussions dramatiques sur la production céréalière. La récolte de blé de 2024 est la plus faible depuis 40 ans, avec une baisse de 25 % des volumes et une détérioration de la qualité. Cela rend la valorisation et l’exportation du blé très compliquées. Il est indispensable d’apporter un soutien financier, comme la mise en place d’une aide à la trésorerie ou l’instauration d’une année blanche pour les agriculteurs en difficulté.

 

Ajoutons à cela une crise sanitaire : les éleveurs subissent également les conséquences de la fièvre catarrhale ovine (FCO-BTV3, 4 et 8) et de la maladie hémorragique épizootique. Ces maladies entraînent de graves perturbations au sein des troupeaux, avec des réductions de productivité, des problèmes de reproduction, et une mortalité accrue, menaçant ainsi la pérennité des exploitations. Une intervention publique est nécessaire, notamment à travers une campagne de vaccination nationale et la création d’un fonds de soutien exceptionnel pour compenser les coûts directs et indirects et permettre la reconstitution des cheptels.

 

En plus de ces mesures d’urgence, il est impératif de reprendre le projet de loi d’orientation agricole, dont l’examen a été interrompu après une première lecture à l’Assemblée nationale par la dissolution. Ce texte doit être complété par des réformes visant à renforcer la compétitivité et à simplifier les démarches administratives, afin de moderniser les secteurs des fruits et légumes ainsi que des grandes cultures. Ces filières rencontrent actuellement de grandes difficultés dans la protection des cultures, ce qui entraîne un décrochage significatif de la production agricole française à l’échelle européenne.

 

Mais au-delà de la situation conjoncturelle, il faut également s’attaquer aux racines de cette crise en faisant de la simplification administrative un chantier incontournable. Aujourd’hui, 78 % des agriculteurs ont besoin d’une aide extérieure pour remplir leurs demandes d’aides de la PAC, ce qui montre à quel point le système est complexe. Une réforme s’impose pour rendre les démarches plus accessibles.

 

Je propose de concentrer les efforts sur trois chantiers majeurs :

  1. Soutien immédiat : Des mesures financières doivent être déployées rapidement pour venir en aide aux agriculteurs affectés par les crises actuelles.
  2. Relance du projet de loi d’orientation agricole, avec des volets sur la compétitivité et la simplification, pour garantir le renouvellement des générations et la souveraineté alimentaire.

Réforme de la PAC : À l’échelle européenne, il est essentiel de simplifier les procédures pour faciliter l’accès aux aides et améliorer leur gestion.