Liban : Le Titanic sans l’orchestre
Olivier Cadic, Sénateur des Français établis hors de France et Président groupe France-Pays du Golfe au Sénat
Après la crise migratoire syrienne qui submerge le Liban depuis plus d’une décennie ;
Après la crise économique accompagnée par l’effondrement du cours de la livre libanaise qui a eu pour effet de ruiner les Libanais ;
Après la crise judiciaire qui transforme l’enquête sur l’explosion du port en farce et meurtrit une seconde fois les parents et proches des victimes ;
La crise politique qui prive le Liban de son président et d’un gouvernement depuis deux ans, consciencieusement entretenue par le Hezbollah pour lui permettre de contrôler le pays débouche sur une crise… militaire qui entraîne les Libanais dans une guerre contre leur gré.
C’était sûrement l’intention de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, lorsqu’il a lancé ses attaques contre l’État hébreu, le 8 octobre dernier, au lendemain des attaques meurtrières du Hamas sur le territoire israélien.
Une fois n’est pas coutume, les responsables de cette énième crise libanaise font partie cette fois des premières victimes.
Désormais chaque jour, le sud et l’est du Liban sont bombardés. Plus d’un million de Libanais doivent quitter leur domicile.
Les Libanais du sud qui remontent vers le nord ont besoin de couvertures, de matelas, d’eau, de kits d’hygiène, de nourriture, de systèmes d’hébergement d’urgence… m’a confié Pierre Anhoury, conseiller du Dr Firass Abiad, ministre de la Santé du Liban.
Il y a moins de trois mois à Beyrouth, alors que je félicitais le ministre, à l’issue de notre entretien, pour les progrès formidables accomplis par son ministère lors des derniers dix-huit mois, celui-ci s’était assombri en pensant à la guerre qui menaçait chaque jour de rompre les fragiles équilibres qu’il tentait de construire.
Et de conclure d’une prédiction glaçante, « j’ai le sentiment de bâtir une cabine sur le Titanic ! »
La diplomatie française déploie des efforts considérables et louables depuis toujours pour soutenir le Liban.
Malheureusement, elle n’est pas payée en retour, si nous en jugeons par les crises de tous ordres qui ébranlent le pays et toutes les victimes innocentes que nous déplorons.