Les conséquences des élections américaines

Stéphane Demilly, Sénateur de la Somme, Conseiller municipal d’Albert (80) et observateur lors des élections américaines

Le 5 novembre, 244 millions d’Américains ont été appelés aux urnes pour désigner leur futur président.

En tant que Vice-président de la Délégation française de l’OSCE-PA (Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), j’étais présent sur le sol américain en tant qu’observateur électoral, avec pour mission d’évaluer dans quelle mesure les processus électoraux respectent les libertés fondamentales, le pluralisme politique, la confiance et la transparence.

Dans leurs campagnes aux styles radicalement différents, Kamala Harris, Vice-présidente démocrate sortante, présentait une vision optimiste et apaisée de la première puissance mondiale, capable de « résister aux fractures et aux divisions ». Le républicain Donald Trump, lui, a appuyé sur les peurs des Américains, et projeté la vision noire d’un pays en déclin et envahi par une immigration incontrôlée.

 

Mercredi 6 novembre, à 2 heures du matin, ce dernier est monté sur la scène en Floride pour revendiquer sa victoire à l’élection présidentielle.

Il a remporté 295 grands électeurs, ainsi que le vote populaire avec plus de 72,6 millions de votants. C’est également un succès au Congrès, avec le basculement du Sénat côté républicain, et une majorité consolidée à la Chambre des représentants.

 

Ce sera un pouvoir sans partage pour Donald Trump. Tous les « swing states », les États indécis, ont basculé en sa faveur. Sa réélection sous forme de « come-back » à l’américaine constitue un tournant majeur pour les États-Unis. C’est la fin d’un modèle américain marqué par l’ouverture et l’engagement dans le monde, la fin d’une superpuissance désireuse de s’ériger en modèle démocratique.

 

Cette victoire donne aussi, sur la forme, l’impression d’un triomphe de la vulgarité. Les écarts de langage excessifs et répétés de Donald Trump, qui pourraient chez nous disqualifier un candidat, ont galvanisé génère les « pro-Trump »…

 

Son colistier et futur Vice-président, J. D. Vance, loin de freiner les ardeurs de son leader, y est allé également de son couplet en qualifiant la candidate Kamala Harris de « trash » durant un meeting.

 

Mais les Américains semblent pardonner les dérapages et s’accommoder d’un personnage politique non conventionnel qui leur promet de gouverner uniquement selon les intérêts nationaux américains.

 

Cela représente un réel risque de fracture pour l’Europe, dans un contexte où la guerre fait rage sur notre continent.

 

Donald Trump a régulièrement menacé de se mettre en retrait de l’OTAN, de faire cesser (voire de se faire rembourser) le soutien américain à l’Ukraine, de sortir de l’Accord de Paris, ou encore d’imposer des tarifs douaniers élevés sur les importations.

 

Finalement, le seul intérêt de cette victoire est qu’elle est nette et ne génèrera pas de contestations.

L’Europe doit maintenant prendre ses responsabilités.

Les dirigeants européens doivent œuvrer en faveur d’une plus grande souveraineté économique et sécuritaire, sans attendre l’entrée en fonctions du 47e Président des États-Unis.

 

Quant à nous Français, prenons garde de ne pas être les suivants sur la liste de cette contamination populiste qui touche de plus en plus de pays…