Le combat des collectivités contre le narcotrafic
Jérôme Neveux, Maire de Jaunay-Marigny (86), Conseiller départemental de la Vienne et Président de l’Association des maires de la Vienne
Les événements dramatiques survenus le 31 octobre dernier dans le quartier des Couronneries à Poitiers ne sont que le révélateur de la gangrène du trafic de drogue qui se généralise au-delà des grandes métropoles françaises.
Mes premières pensées vont évidemment pour le jeune Anis, victime innocente qui sortait ce soir-là avec ses amis pour fêter Halloween à la terrasse d’un café, ainsi qu’à sa famille.
Tristes circonstances qui ne reflètent pas l’emballement médiatique et ministériel sur le sujet, qui laisserait à penser que le quartier est livré aux trafics et règlements de compte.
Il se trouve que le quartier des Couronneries, à forte population étrangère, jeune, bénéficie pleinement des financements de la politique de la ville et des investissements liés au soutien de l’ANRU, Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine. S’il existe toujours une petite délinquance sur place, le formidable travail du Comité d’animation du quartier, avec ses animateurs de rue mobilisés en termes de prévention et d’éducation, porte ses fruits, mais atteint aussi ses limites. Le quartier n’avait pas échappé aux émeutes et incendies de 2023 et le trafic de stupéfiants s’installe durablement, favorisé par une absence coupable de policiers (le commissariat fermé après cet épisode n’a jamais rouvert!).
Si le meurtre d’Anis met en lumière le quartier des Couronneries et la présence permanente de dealers, il n’en demeure pas moins qu’à ce stade, le réseau n’est pas vraiment structuré, ce qui, du coup, attire les grandes officines du narcotrafic décidées à s’installer, capables d’hyperviolences et de fusillades sanglantes, avec des victimes innocentes résidant à proximité.
Le fléau de la drogue ne saurait toutefois se résumer aux quartiers en difficulté. Car toutes les classes sociales sont touchées.
C’est pourquoi il faut prendre le mal à la racine et trouver les moyens humains, juridiques et légaux pour arrêter cette dérive mortifère. Il y a urgence.