L’accord UE-Mercosur : un défi sans précédent

Franck Ménonville, Sénateur de la Meuse et agriculteur

Depuis le début de l’année 2024, le monde agricole traverse une période extrêmement difficile. L’année passée a été marquée par une crise sanitaire dévastatrice dans l’élevage, exacerbée par des conditions climatiques défavorables. Mais le défi majeur que nous affrontons aujourd’hui est sans doute la perspective de ratification de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur.

 

Cet accord, en ouvrant les marchés européens à des produits sud-américains qui ne répondent pas aux mêmes standards environnementaux et sociaux qu’en Europe et encore moins en France, crée un sentiment d’injustice et de frustration chez nos agriculteurs et introduit une potentielle concurrence déloyale.

 

Alors que les tensions s’accentuent tant sur les scènes européennes que mondiales, nos agriculteurs doivent également faire face à une accumulation de contraintes en France : normes de plus en plus rigoureuses, nouvelles obligations et surcharge administrative persistante. Cela ne peut qu’alimenter leur colère et leur désillusion envers un système qui semble trahir ses propres principes de justice et d’équité.

 

Si le Mercosur est rejeté, je suis conscient que ce seul événement ne saurait effacer tous les autres défis que nous affrontons, mais ça contribuera à apaiser et à rassurer nos agriculteurs.

 

En outre, les réponses aux revendications du début de l’année 2024 restent incomplètes. Je tiens particulièrement à souligner l’effort de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, qui a respecté les engagements pris par l’ancien Premier ministre, Gabriel Attal, et par le précédent ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025. Des dispositifs tels que le TODE (Travailleurs occasionnels-demandeurs d’emploi), l’épargne de précaution ou des efforts sur le gazole non routier (GNR) ont été introduits. Toutefois, il reste un travail considérable à accomplir pour réellement alléger la charge bureaucratique qui pèse sur nos agriculteurs, qui sont de plus en plus découragés par l’accroissement continu des charges et des normes réglementaires. C’est précisément la raison d’être de la proposition de loi que j’ai déposée avec Laurent Duplomb, sénateur de la Haute-Loire.

 

Dans cette période de tensions exacerbées, il ne faut pas sous-estimer les dynamiques politiques en cours. À l’approche des élections professionnelles dans les chambres d’agriculture, le paysage syndical agricole est en pleine ébullition.

 

La confiance de nos agriculteurs doit être restaurée. Il est donc indispensable de continuer à œuvrer pour une harmonisation des normes au sein de l’Union européenne et pour une simplification significative de notre bureaucratie. Seule une politique agricole cohérente et juste permettra de sécuriser l’avenir de nos agriculteurs et de garantir la pérennité de notre souveraineté alimentaire.