Charlie Hebdo : 10 ans plus tard

Nathalie Goulet, Sénateur de l’Orne et auteur de « L’argent du terrorisme » et « L’abécédaire du financement du terrorisme » aux éditions du Cherche midi

 

« Ni réveil, ni sursaut ». Ces termes, employés par la sœur de Samuel Paty, devraient être gravés sur tous les frontons de nos établissements publics.

Depuis 2015, nous avons voté près de 15 lois contre le terrorisme et pour renforcer la sécurité et le renseignement. Les budgets des armées (+11,6 milliards d’euros depuis 2017) et des forces de sécurité ont été fortement augmentés. Mais sur le fond, chers amis, nous n’avons rien appris.

 

L’actualité nous montre chaque jour que beaucoup reste à faire. Jamais notre pays n’a connu autant d’atteintes à la laïcité : 110 cas recensés à l’école en septembre 2024 et des centaines d’alertes dans le sport. Les actes antisémites explosent : 5752 actes antisémites enregistrés depuis 2015, dont 1676 en 2023 seulement.

 

Et récemment, des influenceurs algériens appelant à la violence et à la commission d’attentats en France, immédiatement poursuivis par le ministre de l’Intérieur, qu’il faut féliciter pour sa fermeté. Une question demeure : comment notre République a-t-elle pu nourrir en son sein ses propres ennemis ?

 

Une lutte sans concession est nécessaire. La loi confortant les principes de la République n’a que partiellement atteint ses objectifs. Les associations doivent être mieux contrôlées pour éviter les dérives communautaristes qui fracturent notre société. Leurs financements, nationaux comme européens, doivent être surveillés avec rigueur pour ne pas nourrir ceux qui s’emploient à affaiblir nos institutions.

 

Beaucoup reste à faire. Prendre conscience de la réalité, nommer l’ennemi et lui opposer une résistance sans faille. Nier ou sous-estimer l’existence d’un islam politique actif serait suicidaire.

 

Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. Mal nommer l’ennemi, c’est s’interdire de le combattre.

 

Alors oui, beaucoup a été fait. Mais beaucoup reste à faire.

Dix ans après l’attentat contre Charlie Hebdo et l’horreur du Bataclan, il faudrait retrouver l’élan républicain qui avait mis des millions de Français dans les rues le 11 janvier 2015. Les communautarismes n’ont pas leur place dans notre République, les flatter ou les encourager pour des raisons électorales ou dogmatiques est irresponsable. Comment le faire comprendre aux artisans du chaos, tout en respectant les croyants de toutes les religions ?

 

Une seule réponse : replacer les valeurs de la République au cœur de l’action publique. Veillons, ensemble à l’UDI en 2025 comme en 2024 à porter ces valeurs qui forgent notre République.