À Kazan, les BRICS veulent façonner un nouvel ordre du monde

Jean-Baptiste Noé, rédacteur en chef de Conflits

 

À Kazan, la Russie a réuni les neuf dirigeants des BRICS, organisation regroupant initialement le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, et l’Afrique du Sud, pour le plus grand sommet international organisé par Vladimir Poutine depuis le début de la guerre en Ukraine. Des délégués de plusieurs autres pays candidats, désireux d’intégrer le groupe, étaient également présents.

 

En chef d’orchestre, le président russe voulait appeler à la fin de l’hégémonie occidentale, accusée d’être incapable de sauvegarder la paix. Un sommet qui devait marquer la constitution d’une alliance d’opposition à l’Occident et témoigner d’un front uni alors que la Russie est enlisée dans sa guerre et coupée du monde occidental.

 

La venue du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres qui, tout sourire, a rencontré un Vladimir Poutine pourtant inculpé par la Cour pénale internationale, a suscité beaucoup de commentaires. Pour Antonio Guterres, il s’agissait de ne pas donner l’impression que l’ONU était uniquement le relai du monde occidental, mais que l’Organisation a toujours à cœur de représenter l’ensemble du monde et de ses composantes. Après tout, à Kazan, étaient présents deux pays membres permanents du Conseil de sécurité. À sa manière, la poignée de main d’Antonio Guterres est une reconnaissance du rapport de force et du nouveau monde qui se déploie.

 

Toutefois, il ne faudrait pas surestimer le poids des BRICS. Hormis la publication d’une longue liste déclarative, rien de concret n’a été décidé. Bien souvent concurrents entre eux, les BRICS ne sauraient constituer une alliance homogène anti-Occident. Certes, ils peuvent être des alliés de circonstance sur certains dossiers, mais la Chine réalise l’essentiel de ses échanges commerciaux avec l’Europe et les États-Unis, l’Inde demeure concurrente de Pékin, et nombreux sont les pays des BRICS à ne pas partager la même vision du monde ni les mêmes intérêts. Vladimir Poutine a certes réalisé un beau coup en organisant ce sommet, mais il ne saurait à lui seul réordonner un monde en cours de mutation.