Animaux de compagnie, hausse de 15% des abandons
Anne-Sophie Taszarek, Conseillère régionale des Hauts-de-France, Présidente d’association de protection animale pendant 10 ans
Malheureusement, la France conserve son rang peu enviable de premier pays européen en termes d’abandons d’animaux de compagnie : chiens, chats et Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC). Devant cette réalité troublante, il est crucial que nos collectivités territoriales intensifient leurs efforts localement pour combattre ce problème persistant en collaboration avec les associations de protection animale et les refuges.
Les statistiques de cette année sont particulièrement inquiétantes. Depuis le premier trimestre 2023, le taux d’abandon d’animaux a grimpé de 15%, ce qui équivaut à un animal abandonné toutes les deux minutes. Toutefois, le nombre pourrait être encore plus important puisque ces données ne prennent en compte que les animaux identifiés par les organismes de protection animale (données de l’ICAD) cette année, excluant ainsi les transferts d’animaux déjà identifiés entre propriétaires.
Cette situation amplifie les défis auxquels sont confrontés les refuges et les associations qui s’appuient sur des familles d’accueil. Ces structures, déjà fortement sollicitées et trop peu nombreuses, peinent à gérer l’afflux croissant d’animaux abandonnés ou errants, au point d’être surchargées et incapables de répondre à cette arrivée massive d’animaux. En définitive, cela conduit à l’horreur des euthanasies et des abandons dans la nature, engendrant des souffrances inutiles, inadmissibles et inexcusables. Il est courant de trouver ici un carton de chatons non sevrés, là un chien attaché à la grille d’un refuge, ou encore plus loin, un animal blessé sur le bord de la route. Les particuliers se retrouvent souvent impuissants à aider et à trouver des solutions durables et rapides pour ces êtres sensibles.
Il faut admettre que les mesures de la loi de 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et à renforcer le lien entre les animaux et les hommes ne sont pas suffisantes pour inverser cette tendance.
S’ajoute à cela l’inflation qui frappe notre pays et n’épargne pas nos fidèles compagnons. Aujourd’hui, environ 30% des abandons sont dus à des problèmes financiers : augmentation de 18% du prix des croquettes pour chiens et chats entre mars 2022 et mars 2023, hausse des soins vétérinaires, qui varient d’un cabinet à un autre et selon la région. En parallèle, pour ces mêmes raisons, le nombre d’adoptions diminue également. Il est impératif de briser ce cercle vicieux, et les collectivités territoriales ont un rôle à jouer pour soutenir ceux qui travaillent sans relâche pour sauver des vies (subventions, mise à disposition de locaux pour les programmes de stérilisation des chats errants, création d’un guichet unique avec un référent local, intervention rapide en cas de signalements de maltraitance et d’abandon en lien avec les forces de police, encouragement d’un écosystème favorable à la cause animale, éducation et sensibilisation dès le plus jeune âge, organisation de collectes alimentaires, partenariats avec les vétérinaires, etc.).
Comme Gandhi l’a, un jour, déclaré : « La grandeur d’une nation et son progrès moral peuvent être jugés à la manière dont les animaux sont traités. » Il nous incombe la responsabilité de faire de la France un exemple en la matière.