Cinquante ans après la loi Veil, la lutte pour le droit à l’avortement continue
Marie Depaquy, Adjointe au Maire de Reims, Vice-présidente du département de la Marne et sage-femme
Simone Veil l’a souligné : les femmes n’ont « pas eu recours à l’avortement de gaîté de cœur ». Il est de notre devoir de veiller à ce que l’avortement ne soit pas vécu comme un drame, mais soit accompagné d’écoute et de soutien adéquats.
Une femme sur trois dans nos vies sera confrontée à cette décision, qu’il s’agisse de nos mères, sœurs, amies ou collègues.
Le combat pour l’amélioration de l’accès est crucial : bien que l’interruption volontaire de grossesse soit une liberté garantie par la Constitution, son accès demeure difficile dans de nombreux territoires, tant en milieu rural qu’urbain.
Voici les principaux enjeux :
Le combat pour l’information des femmes et des hommes.
L’amélioration de l’accès à l’avortement pour les femmes souhaitant interrompre une grossesse non désirée.
La meilleure formation des médecins et des sages-femmes : selon le Sénat, l’accès effectif à ce droit dépend essentiellement de l’engagement des professionnels de santé.
La lutte contre la stigmatisation et le jugement.
La prévention des grossesses non désirées, plutôt que la prévention des IVG.
L’éducation à la vie affective et sexuelle dans nos établissements scolaires.
La fermeture de nombreuses maternités a éloigné les femmes de ce droit. Le nombre d’établissements de santé réalisant des interruptions volontaires de grossesse (IVG) a ainsi diminué de près de 25 % depuis 2005, alors que parallèlement, le nombre d’IVG réalisées en France a augmenté de près de 10 %. Dans de nombreux territoires, les femmes ne peuvent choisir la méthode pour réaliser cet acte malgré la loi et pour preuve 25 % des établissements ne proposent qu’une seule méthode. De même, l’accès aux IVG tardives est particulièrement complexe puisque plus de la moitié de ces structures ne les réalisent pas.
Certaines patientes doivent parfois parcourir plus de 1 000 km, nécessitant plusieurs rendez-vous, ou changer de région pour pouvoir pratiquer une IVG. Certaines femmes, faute de moyens financiers ou de transport, choisissent de poursuivre une grossesse. D’autres sont trop souvent jugées ou critiquées et se sentent parfois contraintes à poursuivre une grossesse par un professionnel de santé.
En cas de fermeture d’une maternité, la généralisation des Centres Périnataux de Proximité (CPP) permet de maintenir l’activité gynécologique.
L’accès effectif à l’IVG s’est amélioré grâce à l’extension des compétences des sages-femmes. Depuis qu’elles ont obtenu cette compétence, les sages-femmes ont permis d’augmenter d’un tiers le nombre de professionnels de santé pratiquant cet acte. Mais nous devons aussi mobiliser de nouveaux médecins pour garantir un accès complet et égal sur tout le territoire.