Conséquences de l’investiture de Donald Trump pour la France

Stéphane Demilly, Sénateur de la Somme, Conseiller municipal d’Albert (80) et observateur lors des élections américaines

Lundi 20 janvier, Donald Trump a d’abord et avant tout parlé aux Américains !

 

La longue liste de décrets signés devant les caméras faisait suite à ses promesses électorales, et fait miroiter à ses électeurs le retour d’une Amérique puissante et souveraine.

En France, comme dans les autres capitales européennes, nous avons écouté avec appréhension ce que le 47e Président américain avait à dire.

 

Car les conséquences de l’élection de Donald Trump pour la France peuvent être multiples.

 

Tout d’abord, la taxation des produits étrangers entrant aux États-Unis pourrait faire chuter les exportations européennes d’un tiers, notamment dans le secteur des machines, véhicules et produits chimiques, mais également dans la filière du luxe, de la cosmétique et du vin (trois domaines dans lesquels la France est championne).

Concernant les vins et spiritueux plus spécifiquement, les États-Unis représentent 22 % des exportations françaises, ce qui correspond à 3,6 milliards d’euros. La filière s’inquiète à juste titre…  Lors du précédent mandat de Donald Trump, le même type de décisions de taxation s’était soldé par une chute des exportations et un manque à gagner de 450 millions d’euros.

 

Donald Trump veut faire de l’Amérique « the place to be » pour les entreprises du monde entier, avec un assouplissement des réglementations, ainsi qu’un abattement de l’impôt sur les sociétés, qui passerait de 21 % à 15 % !

Cela peut naturellement provoquer un afflux des capitaux vers les États-Unis au détriment des investissements d’affaires en Europe.

 

Les engagements de Donald Trump provoquent également une inquiétude relative à nos engagements internationaux.

 

Enfin, le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris est un coup dur pour la lutte mondiale contre le réchauffement climatique.

 

Les États-Unis sont le deuxième pollueur mondial derrière la Chine !

S’ils ne font pas leur part pour réduire fortement leurs émissions au cours des quatre prochaines années, ce sera le dernier clou dans le cercueil de l’objectif de réduction des 1,5 °C.

 

À ce sujet, j’ai interrogé le Gouvernement lors de la séance des QAG sénatoriales ce mercredi 22 janvier. (ci-dessous)

 

De la même manière, le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé est une décision qui est susceptible de rebattre les cartes de la santé mondiale et, selon les experts, de considérablement compliquer la lutte contre les prochaines pandémies.

 

Tout cela n’est pas réjouissant et nous rappelle que les politiques publiques sont par définition à la merci des évolutions et des révolutions politiques…

 

Il revient maintenant à la France de se préparer et d’engager un travail collectif, européen et international, pour préserver nos engagements climatiques et sanitaires, minimiser l’impact d’un potentiel déficit commercial et assurer notre stratégie de défense.

 

Les relations avec le pays de l’oncle Sam risquent de se tendre et nous allons incontestablement devoir redoubler d’efforts diplomatiques pour que les intérêts communs restent prioritaires.