La sauvegarde des forêts, l’assurance d’une planète préservée

Anne-Catherine LOISIER, Sénatrice de la Côte-d’Or et Vice-Présidente de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

La forêt métropolitaine française s’étend un peu plus chaque année. Quatrième forêt d’Europe en superficie, ce « poumon vert » est passé de 8,5 millions d’hectares en 1850 à plus de 17 millions en 2022, retrouvant le niveau approximatif de la forêt du Moyen-Âge.

Aujourd’hui, sous l’effet des changements climatiques rapides, la filière forêt-bois rencontre des difficultés.

Les forestiers se trouvent confrontés à des dépérissements sans précédents, principalement situés dans les régions de productions de l’est de la France. Dans le sud, le réchauffement climatique se traduit par une vulnérabilité grandissante aux incendies de forêt.

 

À l’aval de la filière, le manque d’investissements, voire la désindustrialisation, ont petit à petit fait disparaître des entreprises de transformation de nos territoires et perdre des parts de marchés, laissant la part belle aux importations.

Ainsi, la France, grand pays forestier, importe du bois et voit sa balance commerciale sectorielle déficitaire. 

Les pouvoirs publics tentent depuis quelques années d’enrayer ce phénomène et de préserver les forêts en relançant les usages du bois, matériau de décarbonation.

 

Le défi est de taille !

Planter nécessite une expertise pour le choix des essences les mieux adaptées aux changements climatiques et un accompagnement sur les premières années des peuplements qui sont alors très vulnérables, notamment au gibier. Cela implique en outre de trouver les « bons » plants disponibles pour le reboisement, alors que les pépiniéristes ont des difficultés pour répondre à la demande diversifiée qui explose ces dernières années.

La tâche est immense tandis que les attaques de parasites qui déciment certaines essences, et les chaleurs accablantes, les sécheresses qui fragilisent petit à petit les arbres, se poursuivent.

Dans ce contexte, le travail du forestier, qui connaît, veille et adapte sa forêt, est déterminant.

Le fait de récolter un arbre dépérissant rapidement, puis de le transformer, permet de maintenir captif le CO2 séquestré dans le bois. S’il est laissé en forêt en trop grande quantité, le bois mort devient un foyer de parasites et libère le CO2 séquestré en pourrissant.

 

La gestion durable des forêts est aujourd’hui une nécessité pour décarboner notre économie, stocker le CO2, filtrer l’eau, l’air et les sols, disposer d’un matériau renouvelable, assurer la biodiversité de nos écosystèmes naturels…

 

Pour maintenir ce cycle vertueux, la filière forêt-bois a besoin d’investissements dans nos entreprises, mais aussi dans la recherche et l’innovation afin de mieux valoriser l’ensemble des essences qui prospèrent sur nos territoires et répondre aux défis sociétaux de demain.