Le harcèlement scolaire, un des maux à éradiquer de l’école
Mamédi Diarra, Conseiller municipal de Vincennes (94), Délégué national UDI Jeunes à la formation et au militantisme, Président de Repairs! 94 – Protection de l’enfance et de la jeunesse, Formateur – Juriste – Auteur de Enseignons demain
Le 9 novembre 2023 ce sera la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. La violence et le harcèlementscolaire ne sont pas un petit sujet, de petites chamailleries ou un phénomène nouveau, bien au contraire, c’est une violence aux conséquences importantes et durables pour les concernés, un mal ancien et connu dans le monde entier. Tous les établissements, tout enfant ou jeune peuvent être concernés. Il faut donc l’identifier, ne rien masquer, ne pas nier pour pouvoir agir en prévention et en actes concrets.
Il est estimé actuellement en France que 6 à 10% des élèves soit 800.000 à 1 millions en seraient victimes, chiffres qui malheureusement faute d’études complètes, récentes et régulières, passent probablement à côté d’une part de la réalité. Évoluant aussi avec son temps, on a donc vu naître le cyberharcèlement comme facette du harcèlement scolairequi s’exprime sur internet et les réseaux sociaux.
Malgré tout, au rythme des drames (dépression, phobiescolaire, suicides…), il fallut attendre 2019 pour que soit codifié le droit de suivre une scolarité sans harcèlement scolaire et 2022 pour pénaliser franchement ces violences.
L’ensemble des mesures prises en dix ans vont dans le bon sens mais ne doivent pas être des contournements du problème initial.
Les ministres de l’Education nationale ont multiplié les annonces et dispositifs, c’est positif mais possiblement du temps décrété qui arrivera pour certaines en trop petit volume, de façon irrégulière ou inéquitable dans le parcours des élèves et quid du manque de temps pour que l’institution scolaire accomplisse toutes ses nombreuses missions.
À tout ceci, des solutions complémentaires et nécessairement plus larges sont à prendre avec pour objet leconcours à la construction citoyenne des élèves, apprentis et étudiants. Je pense que le temps scolaire se doitaussi être un temps d’éducation sociale structurant un être, d’où l’objectif d’éliminer les freins et les sources de mal-être avec prévention, information, repérage, et solutions effectives.
- Créons un environnement scolaire épanouissant, attrayant, formateur, rassurant et surtout constructif.
Lutter contre les harcèlements scolaires (moral et psychologique, physique, cyberharcèlement…), c’est lutter contre toutes les discriminations dont on sait qu’elle sont des causes de renforcement des harcèlement et violences aussi en milieu scolaire (homophobie/LGBTphobies, origines ethniques, religions, handicap, sexisme, conditions sociales…),réduire le stress à l’école, agir contre l’instabilité et la précarité des personnels.
-
Un véritable enseignement moral et civique de l’élémentaire à la fin du secondaire, avec des horairessanctuarisés et des enseignants / intervenants dédiés et donc spécialisés.
-
La structuration d’un programme scolaire d’éducation aux médias et à l’information (EMI) effectif et renforcédès l’école élémentaire jusqu’au lycée pour que chacune et chacun prenne conscience de sa propre relation aux médias, agisse avec responsabilité dans et hors de sa « bulle médiatique et informationnelle, puisse aussi se rendre compte des anormalités pour les signaler.
L’EMI doit aussi être définie par les textes officiels avec des indicateurs d’évaluation.
-
Mieux former à ces sujets tous les personnels au contact des enfants et jeunes et renforcer les partages de bonnes pratiques, les innovations pédagogiques et méthodologiques, les projets (percevoir les signaux faibles ou explicites, se saisir des ressources disponibles, agir).
-
Rendre plus lisible l’ensemble des dispositifs de prévention et d’action qui se sont cumulés avec le tempspour plus d’efficacité et dont certains ne sont malheureusement pas présents dans chaque établissement ou touchent surtout les élèves « qui vont bien » (pHARe, prix Non au harcèlement, élèves ambassadeurs, plusieurs de numéros pour contacter les référents harcèlement, affichages et films de prévention…). Ce qui est aussi valable pour les autres maux qui touchent les enfants et jeunes.
-
Libérer la parole des élèves et leur entourage en la prenant au sérieux et la faire suivre d’effets énergiques et appropriés par l’administration de l’Éducation nationale (sanctions, protection, appui au personnel et aux familles…).
-
S’adresser aux parents pour informer et en cas de besoin recevoir les concernés (ceux des agissants et desvictimes) pour les associer aux solutions éducatives et l’application des
Notre but commun doit être de détruire le harcèlement scolaire pour permettre aux élèves de mieux se construire.