L’Éducation nationale : naviguer dans la tempête
Sandrine Hertig, Maire adjointe de Villeneuve-la-Garenne (92) et Coordonnatrice de Réseau d’Éducation Prioritaire (REP)
Lundi 16 octobre. L’école se réveille engourdie après le tragique événement de vendredi. L’un des leurs est tombé sous les coups de la barbarie. Hier, le recteur a envoyé ses nombreuses consignes. Le directeur sait qu’il est le seul responsable de la sécurité de son école durant le temps scolaire. Il n’a ni adjoint, ni secrétaire, pas de CPE ni de gestionnaire. Il est seul.
Seul également pour gérer son équipe, faire face à des parents qui, parfois, ne se privent pas de le juger, allant jusqu’à écrire au ministre pour le critiquer. L’institution ne lui apporte pas toujours le soutien qu’il espère. Et il y a les partenaires, comme les collectivités territoriales, qui soutiennent parfois aveuglément leurs animateurs sans chercher à comprendre ou à reconnaître le travail remarquable des directeurs pour elles et pour le climat social de leurs quartiers. Gérer une école de plus de 20 classes et plusieurs centaines d’élèves peut être vertigineux.
Cependant, il a l’habitude. Il a déjà traversé d’autres plans Vigipirate et a géré la crise du Covid. Malgré tout, il ouvrira son école, presque anesthésié par les incessantes injonctions qui l’ont épuisé. Peut-être qu’un jour, il rejoindra ceux qui abandonnent, face à ce Titanic qu’est devenue l’Éducation Nationale. Mais il y a toujours une lueur d’espoir…
Politiques, réveillons-nous ! Il est urgent de lui redonner l’espoir qu’il mérite. Ensemble, nous pouvons formuler des propositions concrètes, à l’image de ce qu’a fait Jean-François Vigier pour les compétences de la région. Il est temps d’inverser la tendance : nous devons écouter les acteurs de terrain, ceux qui sont proches des besoins des élèves et de leurs familles, et leur donner l’autorité et les moyens nécessaires pour agir.