Les retraites de nouveau en débat

Olivier Henno, Sénateur du Nord, co-rapporteur du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale et Secrétaire général de l’UDI

Le débat budgétaire vient heureusement de s’achever. Le budget 2025 n’est pas parfait mais indispensable pour notre pays, notre économie et je m’en félicite mais tout reste à faire, notamment pour réguler la dépense sociale.

Sur 1 000 euros d’impôts tombés dans les caisses de l’État, 570 euros servent en 2024 à financer la protection sociale avec notamment 248 euros absorbés par les retraites, soit presque 14% du produit intérieur brut (PIB) et 208 euros par le système de santé, soit plus de 12,5% du PIB. Cette prédominance des dépenses sociales et notamment des retraites se fait aux dépens d’investissement d’avenir alors même que les défis sont colossaux en matière d’éducation, de recherche et de défense compte tenu de l’actualité internationale.

 

Faut-il dans ce contexte remettre en chantier la réforme des retraites et risquer de revenir sur la mesure d’âge de 64 ans ? Je ne le pense pas !

Le rapport flash de la Cour des comptes confirme le sérieux des prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR) et de son président Gilbert Cette. Le déficit devrait représenter 10 milliards d’euros à l’horizon de 2030 pour les retraites du privé.

 

La conclusion est toute simple et s’impose sur le plan du financement des retraites comme sur celui de notre système de santé dont le seul déficit dépasse les 15 milliards d’euros. Réguler notre dépense sociale et maîtriser nos dépenses publiques est impératif, sans peine de tirer des chèques sur le dos des plus jeunes générations.

 

La dette publique de la France va dépasser les 3 200 milliards d’euros et il n’est plus acceptable d’en faire la variable d’ajustement de nos lâchetés. Être responsable ne signifie pas s’interdire de débattre, l’emploi des seniors, l’égalité homme/femme, la pénibilité ou encore l’accroissement de la quantité de travail de la nation française pour augmenter l’assiette des cotisations et donc les recettes et ainsi stabiliser le financement de notre système de retraite autant de questions qui méritent d’être proposées à l’agenda des partenaires sociaux.

 

J’en ajoute une dont je sais qu’elle ne fait pas consensus : permettre aux salariés du privé de compléter leur retraite par la capitalisation et donc inventer des fonds de pension à la Française.

 

Jean Jaurès lui-même qui raisonnait en économiste avait parfaitement compris le sujet expliquant que les salariés devaient bénéficier du fruit du capital. Cela casse l’interdit d’introduire de la capitalisation dans les financements des retraites en France.

 

Ce conclave sur les retraites dont les débats seront encadrés par Jean-Jacques Marette, haut fonctionnaire, expert du dossier et ancien directeur général de l’Agirc-Arrco, peut devenir la pire des choses s’il aboutit à un renoncement et à une nouvelle fuite en avant financière. Mais s’il faut mettre un consensus responsable et s’il manque la reconnaissance d’un dialogue social constructif et d’un patriotisme fécond, alors nous pourrons parler d’une grande réussite. C’est notre espérance !