Maires en écharpes noires au Congrès des maires

Joël Balandraud, Maire d’Evron et Vice-président de l’Association des maires de France

 

À la veille de la venue du Premier ministre Michel Barnier, les maires de France se sont réunis en nombre au Congrès de l’Association des Maires de France. Cet événement intervient quelques mois après les accusations portées par le précédent gouvernement sur leur rôle supposé dans la dégradation des comptes publics, et alors que le premier projet de loi de finances pour 2025 du nouveau gouvernement promet de mettre à rude épreuve les collectivités locales.

 

Les assemblées générales, qui précèdent traditionnellement ce congrès, ont été marquées par la colère, l’incompréhension et parfois le découragement des élus locaux. Ceux-ci ont multiplié motions, actions, conférences de presse et interpellations des parlementaires ou préfets dans leurs départements respectifs.

Dès le premier jour du congrès, les élus, unis et nombreux, ont arboré une écharpe noire pour exprimer leur mécontentement. Mais qu’en est-il de leur état d’esprit à ce deuxième jour ?

 

En petit reporter au sein du congrès, je vous transmets quelques sentiments : l’inquiétude et le sentiment d’injustice dominent. Injustice, car les 11 milliards d’euros demandés (sur plus de 1 000 milliards de dettes cumulées en plus depuis quelques années) n’apportent aucune solution réelle à un problème qu’ils n’ont pas causé. Inquiétude, car sur le terrain, les besoins sont immenses et les engagements pris auprès des citoyens doivent être honorés. La fin de mandat approche, et les projets doivent aboutir et être financés.

 

Certains jugent l’Association des Maires de France trop conciliante envers l’État, n’hésitant pas à le revendiquer en séance plénière. D’autres, marqués par un sentiment de mépris pour leur fonction et les obstacles imposés par l’administration centrale, avouent un découragement (transitoire ?) face à ces défis.

 

Pourtant, mon ressenti final est clair : la force qui anime ces élus locaux puise sa source dans les entrailles de leurs communes et dans leur attachement à leurs administrés. Ils s’engagent non pour l’État, mais pour leurs concitoyens, leurs voisins, leurs amis. Ils étaient là hier, et ils seront là demain. Car pour beaucoup d’entre eux, les gouvernements passent, mais leur mission, elle, demeure.