Nos élevages à nouveau sur la sellette
Joël Balandraud, Maire d’Evron, Secrétaire général adjoint de l’AMF en charge du réseau, de communes nouvelles, de la ruralité et des questions animalières et Vétérinaire rural
Alors que le pays se pose mille questions sur son avenir, nos éleveurs, tant ovins que bovins, sont soumis à de nouvelles épreuves. Après la grippe aviaire qui a affecté les volailles pendant plusieurs années, et les aléas climatiques qui ont fortement réduit les récoltes, voilà que de nouvelles maladies viennent s’attaquer à nos élevages.
Depuis 2006, mais avec une accélération notable ces deux dernières années, notre pays assiste au retour d’une maladie au nom exotique : la « blue tongue disease » ou maladie de la langue bleue, désormais renommée FCO (fièvre catarrhale ovine) avec les sérotypes 3 ou 8 présents sur notre territoire. Originellement du Sud-Est, elle s’est répandue depuis le Nord-Est de la France. La FCO est accompagnée d’une nouvelle maladie, la MHE (maladie hémorragique enzootique).
Les symptômes de ces maladies sont explicites : la FCO provoque chez les moutons de la fièvre et une coloration bleue de la langue, tandis que chez les vaches, elle entraîne des boiteries, des érythèmes et des avortements. La MHE présente des signes similaires : hyperthermie, ulcérations du mufle et boiteries. Ces maladies ont plusieurs points communs : elles ne représentent aucun danger pour l’homme, directement ou indirectement, car les virus ne sont pas transmissibles à l’espèce humaine.
Elles sont toutes deux transmises par des moucherons, ou « culicoides », et se caractérisent par une forte contagiosité et une mortalité relativement faible. Ces maladies sont également représentatives de notre époque. L’augmentation de la présence des culicoides dans des zones inattendues est probablement expliquée par le changement climatique.
Les transports d’hommes et d’animaux sur de longues distances dans le cadre d’échanges mondialisés facilitent également la propagation des maladies. Les conséquences pour les éleveurs sont dévastatrices : le coût de la maladie elle-même (perte d’animaux, pertes de croissance, avortements) n’est qu’une partie du problème. Il faut y ajouter le coût des traitements, peu efficaces en prévention pour les insecticides ou en curatif. Seuls les vaccins sont efficaces, mais coûteux et nécessitent beaucoup de manipulation, générant du stress et des accidents. Enfin, les restrictions de transport et de vente, selon que l’on se trouve dans une zone infectée ou non, alourdissent également le coût de la maladie.
En somme, l’élevage français, qui façonne et anime nos campagnes, bien que de grande qualité et exigeant pour nos éleveurs, est constamment sur le fil du rasoir et cumule les sources d’incertitudes pour son avenir.