Nouvelle-Calédonie : l’émergence d’un consensus, mission impossible ?

Éric Hélard, Secrétaire national UDI aux Outre-mer

 

C’est déjà un petit miracle : le 26 février dernier à Nouméa, le Ministre d’État, ministre des Outre-mer a réussi à rassembler à huis clos autour d’une même table toutes les formations politiques de Nouvelle-Calédonie – indépendantistes et non-indépendantistes – pour parler de l’avenir : ce n’était plus arrivé depuis 2020. Il faut s’en réjouir.

 

Neuf mois après les émeutes de mai 2024, dans un territoire à genoux qui se délite économiquement et socialement, Manuel Valls a entamé la discussion autour de la souveraineté future du territoire français du Pacifique. Après une semaine d’intenses discussions, en bilatérales comme en trilatérales, il a rendu publiques les orientations de l’État pour la Nouvelle-Calédonie.

 

Trois sujets sont posés sur la table sous forme de documents non signés, formulant des hypothèses pour tenter de surmonter les désaccords. Le premier est le plus sensible : il s’agit du lien du territoire avec la France, à savoir l’exercice du droit à l’autodétermination, l’achèvement de la décolonisation, la définition de la citoyenneté et du corps électoral et les compétences régaliennes du futur pays. Le second concerne la gouvernance de la Nouvelle-Calédonie : la réforme de ses institutions (provinces, Congrès et gouvernement, Sénat coutumier). Le troisième évoque le nouveau contrat social qui permettra aux différentes communautés de continuer à vivre ensemble.

 

Le Ministre d’État reviendra fin mars à Nouméa pour tenter, cette fois-ci, d’arracher un accord définitif. En attendant, les forces politiques locales sont au travail pour tenter de surmonter leurs désaccords. Chacun s’est engagé à un effort de sagesse et d’intelligence pour sortir de cette situation. Ce ne sera pas chose facile tant les violences ont attisé de part et d’autre les incompréhensions, réveillé les haines et provoqué la récession économique.

 

Les divergences restent profondes et beaucoup de leaders politiques affichent déjà des réserves sur le document fourni par l’État. Il va falloir pourtant surmonter tout cela, faute de quoi les éléments seront à nouveau réunis pour rallumer le feu dans une forme de guerre civile larvée. Chaque camp est donc poussé au dialogue par la crainte partagée d’un effondrement du territoire. Les calédoniens attendent de leurs responsables politiques d’être à la hauteur des enjeux. C’est ce que souhaite l’UDI. Mission impossible ?