Pour lutter et prévenir les incendies, nos forêts doivent être gérées « durablement »…
Anne-Catherine Loisier, Sénatrice de la Côte-d’Or
Signe marquant des vicissitudes du changement climatique, « la saison des feux » de l’été 2022 a été sans précédent avec 70 000 hectares de végétation partis en fumée.
Même si l’origine des incendies est généralement humaine, les sols et la végétation qui se dessèchent, les températures extrêmes et répétées qui « brûlent » les houpiers, les forêts et la masse combustible qui s’accroit… sont autant de facteurs qui accentuent les risques d’incendies.
Dans ce contexte de dangerosité accrue, la préservation des espaces forestiers apparait aujourd’hui indispensable, autant pour les personnes, les biens que la biodiversité
La forêt française, 4ème plus grande d’Europe, est en danger. La mortalité est en constante progression depuis 2010 dans les peuplements forestiers fragilisés par les changements climatiques. Or, une forêt qui dépérit devient plus fragile et produit moins de matériau bois. Son équilibre écologique est altéré impactant la filtration de l’eau, de l’air, les habitats, la flore et la faune.
Enfin, elle stocke moins de carbone voir même elle en libère en cas d’incendies !
Les propositions
Le Sénat s’est emparé de ce dossier dès le printemps 2022. Avec mes 3 collègues, Jean Bacci, Pascal Martin et Olivier Rietmann, nous proposons une palette d’outils de prévention et de coordination des moyens. Des dispositifs à créer ou à développer, formulés dans une proposition de loi qui sera examinée en commission spéciale puis en séance publique début avril.
La stratégie d’adaptation de nos forêts aux changements climatiques est devenue une urgence si nous voulons des forêts plus résilientes aux incendies, désormais plus fréquents et plus extrêmes.
Pour autant le gouvernement a une mauvaise lecture des réalités en pensant que nous pourrons mieux protéger et renouveler nos massifs plus vulnérables, avec moins d’hommes et de femmes en forêt. L’ensemble des groupes politiques du Sénat lui ont demandé de revenir sur ses propositions concernant les ressources humaines en forêts dans le PLF pour 2023… sans succès !
Les agents publics de l’ONF, tout comme ceux du CNPF (privé) doivent être plus nombreux sur le terrain pour mailler le territoire, identifier les zones fragiles, les peuplements dépérissants à traiter au plus vite, les dessertes à ouvrir, les accès aux points d’eau à aménager, les nouveaux plans de gestion à élaborer pour les forêts publiques ou privées aujourd’hui délaissées.
Rien qu’en forêt publique, soit 1/3 de nos massifs, on compte 900 000 hectares non gérés et non soumis au régime forestier. Si l’on considère la forêt privée, ce sont des millions d’hectares qui requièrent des travaux à engager sans tarder.
Pour planter 1 milliard d’arbres en 10 ans comme nous y engage le Président de la République, nous allons devoir quasiment doubler nos efforts.