Présentation du projet de loi de finances : les réactions des élus UDI

Suite à la présentation du projet de loi de finances, les élus UDI reviennent sur les principaux thèmes que comporte ce texte.

 

Les recettes

Vincent Delahaye, Sénateur de l’Essonne

Quelle sera la facture des hausses d’impôts et de taxes du budget 2025 ? Pour nous, elles devaient – pour éviter les erreurs du passé – être bien inférieures aux économies de dépenses. L’ajustement souhaitable entre 2024 et 2025 devrait être au minimum de 39 milliards.

 

Si l’on part de l’hypothèse acceptable d’une répartition 2/3 de dépenses et 1/3 de recettes, cela fait 26 milliards d’économies en dépenses et 13 milliards de recettes nouvelles. Hors la surtaxe d’IS, l’impôt minimum sur les plus fortunés, diverses mesures (rachat d’actions, armateurs, billets d’avion, malus automobile, locations Airbnb…) et surtout le doublement de la taxe sur l’électricité porteraient la hausse d’impôts à plus de 25 milliards.

 

C’est beaucoup trop… surtout que du côté des dépenses c’est encore le flou artistique. Malheureusement une très mauvaise habitude.

 

Les dépenses

Vincent Capo-Canellas, Sénateur de la Seine-Saint-Denis

Dans le « paquet » de 60 milliards d’efforts budgétaires, des baisses de dépenses sont en réalité limitées, mais sensibles… et devront être poursuivies.

 

Le projet de loi de finances qui va être examiné repose théoriquement sur un effort de maîtrise budgétaire (entre les baisses de dépenses et les hausses d’impôts) de l’ordre de 60 milliards d’euros. Cela s’explique par le dérapage enregistré en 2023 et 2024, le besoin de reprendre le contrôle de notre dette (dont les frais financiers vont devenir le premier poste de dépenses de l’État) et… de rassurer les marchés pour éviter des taux d’intérêt prohibitifs, voire de conjurer une crise financière qui a rarement été aussi proche.

 

D’où l’ampleur des 60 milliards annoncés. Mais c’est une illusion d’optique. En réalité, ce chiffre de 60 milliards n’est pas calculé par rapport au budget de 2024, mais par rapport à ce que les dépenses et les recettes auraient été en 2025 « tendanciellement » : sans décision nouvelle de maîtrise (en actualisant le nombre de retraités, l’inflation, la masse salariale… mais sans hausse d’impôts et sans baisse de dépenses).

 

En réalité, la tendance d’évolution « naturelle » des dépenses est de 6%. Elle sera limitée dans le projet de budget à 2,1%. Sachant que l’inflation est à 1,8%, c’est significatif.

 

Et comme différents postes augmentent quoi qu’il arrive (le nombre de retraités s’élève, la masse salariale augmente, les contrats de prestations sont indexés…), cela veut dire qu’il faut baisser fortement d’autres postes.

 

L’objectif affiché est de réaliser 2/3 de l’effort via des baisses de dépenses. Il est à craindre qu’il y ait plus de fiscalité que de baisse des dépenses. À cela, une explication : il est toujours plus simple de faire évoluer un taux d’imposition que de baisser des dépenses sans réforme structurelle.

 

C’est dire que ce projet de budget vise à parer au plus pressé et que nous devrons rapidement faire des choix dans les dépenses sociales, le financement des retraites et recalibrer des politiques publiques si nous voulons stabiliser à la baisse nos dépenses sans réduire encore les services publics sur l’ensemble du territoire.

La croissance peut aider mais l’urgence est de maîtriser nos comptes en évitant la récession.

  

Le social 

Olivier Henno, Sénateur du Nord, co-rapporteur du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale et Secrétaire général de l’UDI

Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2025 devra marquer une meilleure maitrise de nos dépenses sociales, notamment les dépenses de la branche maladie.

 

L’UDI défendra un renforcement de la prévention, une lutte contre la fraude sociale et les actes médicaux inutiles.

 

Nous porterons aussi une attention particulière à la politique familiale. La baisse de la natalité en France est préoccupante. Une réforme ambitieuse du congé parental et un effort sur le nombre de places en crèche et sur la qualité du service comptent parmi nos priorités.

 

Enfin, nous exprimerons notre conviction que le financement de notre protection sociale est une exigence qui passe par une plus grande reconnaissance du monde du travail.

 

Les collectivités

Philippe Laurent, Maire de Sceaux et Vice-président de l’Association des maires de France

Une fois encore, dans ses relations avec les collectivités territoriales, le gouvernement se trompe de raisonnement. Comme tous ses prédécesseurs. Et c’est inquiétant.

 

Les dotations de fonctionnement ou d’investissement ne sont pas des dépenses publiques. C’est le résultat d’un système d’allocation de ressources publiques. La dépense publique, c’est ce que font les collectivités locales de ces ressources : la gestion des services publics du quotidien, l’investissement dans les territoires et tout particulièrement pour accompagner la transition écologique. Ce qu’elles font, de manière générale, de façon plutôt efficace.

 

En supprimant d’un trait de plume au moins 5 milliards de ressources, le gouvernement affaiblit les collectivités locales qui sont les administrations publiques qui fonctionnent le mieux et qui, au surplus, ne coûtent pas cher : moins de 8% du total de la dette publique pour plus de 70% de l’investissement public ! Est-ce vraiment une « bonne » idée … ?

 

Oui, il y a des économies à faire. Elles sont d’abord dans l’administration centrale de l’État. Trop de « normalisateurs », trop de donneurs de leçons qui n’ont jamais rien géré, trop d’inspecteurs : une machine infernale à produire de la norme, des blocages, de la méfiance.

 

Et il y a de la responsabilisation à tous les étages (citoyens et élus) à rétablir. Pour cela, rien de tel qu’un impôt local payé par tous les habitants, avec un pouvoir d’assiette et de taux fixés par les assemblées locales démocratiquement élues, et qui permette de se procurer les ressources nécessaires au bon fonctionnement des services publics locaux, même lorsque les autres ressources – et notamment celles en provenance du gouvernement – diminuaient. Cela existait dans un autre temps : on l’appelait la taxe d’habitation.

 

Asphyxier les collectivités locales après leur avoir ôté l’autonomie fiscale : c’est le supplice du double garrot. On en ressort rarement vivant.