Qu’est-ce que la laïcité en 2024 ?

Jean-Luc Cadeddu, Secrétaire national UDI à la laïcité et Adjoint au maire de Maisons-Alfort

Reconnaissons tout d’abord en première analyse que tout le monde en parle, mais que personne ne sait réellement ce que c’est. Pourtant, le principe en est simple : Institution officielle de la séparation des églises et de l’État, loi de 1905. Article Premier – La République assure la liberté de conscience.

 

Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public. Ce qui veut dire qu’elle accepte toutes les différences religieuses et philosophiques sans aucune restriction de cultes !

Cette acceptation des contraires donne une parfaite liberté à chacun de croire ou ne pas croire.

 

Le problème chez les jeunes réside dans la confusion qu’ils établissent entre la laïcité et la stigmatisation des religions. Cette perception erronée, conjuguée à une méconnaissance de la véritable essence de la laïcité, engendre un rejet significatif parmi eux, alimentant ainsi une intolérance envers ceux qui ont des opinions divergentes. Certains jeunes perçoivent la laïcité comme étant discriminatoire à l’égard des musulmans, une situation exacerbée par l’absence de débat ouvert au sein de l’éducation nationale, par crainte de violences similaires à celles qui ont coûté la vie à Samuel Paty et Dominique Bernard.

 

Selon un sondage IFOP publié fin 2023 et réalisé auprès de Français musulmans, 78 % d’entre eux considèrent que la laïcité telle qu’elle est pratiquée par l’État est bien discriminatoire envers eux. Une autre étude de l’Institut KANTAR publiée l’année dernière montre que 60 % des jeunes de 18 à 30 ans sont d’accord pour clamer que la défense de la laïcité serait instrumentalisée par les politiques et les journalistes afin de dégrader les musulmans. L’Institut souligne également que 29 % de ces jeunes estiment qu’il faudrait mettre toutes les religions sur un pied d’égalité, 27 % d’assurer la liberté de conscience et 22 % de séparer les religions de la sphère politique et de l’État.

 

En ce qui concerne l’évolution de la laïcité, les avis sont partagés entre se diriger vers plus de fermeté envers l’expression des identités religieuses (42 %) et plus de tolérance (35%). 78 % des moins de 25 ans musulmans seraient pour l’autorisation de l’abaya. Par ailleurs, 43 % des jeunes Français se disent favorables au port de signes religieux ostensibles dans les lycées contre une opposition de 31 %. 65 % des Français musulmans demandent que les couvre-chefs religieux puissent être portés par les élèves dans les collèges et les lycées.

 

Toutes ces informations ont fait l’objet d’un article rigoureux du Point. Les leçons que l’on peut tirer de ces différents sondages nous démontrent que l’Éducation nationale doit s’emparer du sujet de toute urgence en formant les enseignants à l’apprentissage de la laïcité (comme c’est le cas dans la fonction publique) et en ajoutant une pédagogie juste du fait religieux sans partialité.

 

En conclusion, nous pouvons affirmer que la laïcité est toujours la même sur le fond, mais plus du tout sur la forme !