Qu’est-ce que le Hezbollah ?

Nathalie Goulet, Sénateur de l’Orne et auteur de « L’abécédaire du financement du terrorisme » aux éditions du Cherche midi

 

Ces derniers jours, l’actualité nous amène à nous interroger sur le Hezbollah, notamment à la lumière des interventions armées israéliennes visant à affaiblir cette organisation. Pour la communauté internationale, il s’agit d’un groupe terroriste. Pour une partie du monde arabe, c’est une « force de résistance ».

 

Toutefois, au-delà de ces étiquettes, il est essentiel de prendre du recul et d’analyser ce mouvement pour mieux saisir son rôle et son impact, non seulement au Liban, mais aussi dans la région.

 

Pour comprendre les racines du Hezbollah, un bref retour en arrière est nécessaire. Né dans les années 1980, en pleine guerre civile libanaise, ce mouvement a rapidement émergé comme un acteur politique et militaire incontournable. Soutenu par l’Iran et allié du régime syrien d’Hafez puis de Bachar el-Assad, le Hezbollah s’est posé en défenseur des intérêts chiites, se voulant rempart contre Israël et ses alliés. Malgré son entrée au gouvernement libanais en 2005, il n’a jamais été désarmé, et sa branche armée reste aujourd’hui l’une des forces les plus puissantes du pays.

 

Quant à son financement, celui-ci repose principalement sur l’Iran, mais aussi sur des activités illégales menées à travers le monde. Le Hezbollah a construit un vaste réseau international qui mélange activités politiques et militaires, rendant la situation encore plus difficile à appréhender. Certains pays, comme la France, distinguent la branche politique de la branche armée, mais beaucoup d’autres, comme les États-Unis, considèrent l’ensemble de l’organisation comme une entité terroriste.

 

En outre, la situation au Liban révèle une influence majeure exercée par le Hezbollah. Il ne s’agit pas seulement d’une force militaire, mais aussi d’un acteur clé de la politique nationale. Par exemple, en 2008, lorsque le gouvernement libanais a tenté de démanteler son réseau de télécommunication, le Hezbollah a répondu par des actions armées. Cet événement a clairement montré sa capacité à imposer sa volonté par la force, allant même jusqu’à défier l’autorité du gouvernement.

 

Enfin, sur le plan régional, le Hezbollah joue un rôle ambigu. Paradoxalement, bien que classé comme organisation terroriste par de nombreux pays, il a combattu l’État islamique, alignant ainsi ses actions avec certains intérêts occidentaux. Ce paradoxe met en lumière la complexité de la situation : comment qualifier un groupe qui, d’une part, combat les extrémistes sunnites, mais d’autre part, reste un bras armé de l’Iran en guerre contre Israël ?

 

Que devons-nous penser du Hezbollah ? C’est un acteur omniprésent au Liban et dans le Moyen-Orient, mais son influence sur les institutions libanaises, son réseau militaire et ses alliances régionales posent des questions cruciales sur l’avenir du Liban. Comment ce pays peut-il espérer une stabilité durable tant que le Hezbollah maintient ce double rôle de force politique et militaire ?