Chute du gouvernement : des effets bien réels
Hervé Marseille, Président de l’UDI et Président du groupe Union Centriste au Sénat
L’année 2024 a été marquée par une instabilité politique et gouvernementale notable, engendrant une lassitude généralisée face à ce spectacle continu.
Le jeu des extrêmes doit cesser, car il a des conséquences notables : la censure du précédent gouvernement, loin d’être anodine, a affaibli notre pays, impactant négativement les négociations du Mercosur, la situation de nos agriculteurs, ainsi que les nécessaires ajustements fiscaux. Il est impératif que nous atteignions cette fois une stabilité institutionnelle essentielle car nous avons aujourd’hui une obligation de résultat vis-à-vis du pays et pas seulement de moyens. La démocratie représentative est en jeu.
Pour réussir, deux conditions me paraissent essentielles. Premièrement, il est crucial d’établir une coordination effective au sein de la majorité parlementaire. Le dialogue, la proximité et une meilleure harmonisation des divers groupes et mouvements politiques sont nécessaires pour renforcer le soutien au gouvernement. Deuxièmement, il est impératif d’ouvrir le dialogue avec les groupes de la gauche républicaine, si nous ne voulons plus dépendre du Rassemblement national. Bien entendu, l’idée de dialogue et de compromis va dans les deux sens. C’est avec eux que nous devrons trouver des accords viables, par exemple en matière de fiscalité, d’investissements locaux, et de soutien aux régions d’outre-mer et surtout à Mayotte.
Face à une précarité croissante, qui touche désormais près de 10 millions de nos concitoyens, il est impératif de repenser notre approche des politiques sociales. Le logement, qui constitue une part importante du budget des ménages les moins favorisés, doit être une priorité. Les préoccupations des agriculteurs, souvent sous le seuil de pauvreté, nécessitent également des réponses urgentes à travers des mesures telles que l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs retraités et un partage plus équitable de la valeur ajoutée. La transition environnementale ne doit pas se faire au détriment de ceux qui nous nourrissent.
Au cœur des préoccupations sociales, la santé, avec l’expansion continue des déserts médicaux malgré les efforts, et les défis démographiques comme la baisse de la natalité et la dépendance sont primordiaux. Ces enjeux façonneront l’avenir de notre société et exigent des réponses innovantes sous peine de voir notre régime social et économique péricliter. Simultanément, nous devons repenser notre approche du temps de travail, qui est actuellement inférieur à celui d’autres pays de l’OCDE, et alléger l’excès de normes et de bureaucratie qui entrave notre croissance. Ces ajustements sont essentiels pour assurer notre compétitive sur la scène internationale, tout en préservant notre bien-être et notre prospérité. Ces défis ne sont pas seulement un impératif économique, mais aussi une question de justice sociale et de solidarité intergénérationnelle, nécessitant des réponses audacieuses.
Sur le plan institutionnel, il est temps d’avancer sur des réformes clés telles que le mode de scrutin, le cumul des mandats, et le financement des campagnes électorales. Le renforcement du statut de l’élu local et la relance du processus de décentralisation sont également cruciaux pour répondre efficacement aux besoins spécifiques de nos territoires.
En concluant, il est urgent d’agir et de dépasser les clivages pour avancer efficacement sans nécessairement augmenter les dépenses publiques ou les impôts. Nous, parlementaires, seront jugés sur notre capacité à réaliser ces objectifs.
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