Retour sur la semaine de vote des postes clés de l’Assemblée nationale

Christophe Naegelen, Député des Vosges, Secrétaire de l’Assemblée nationale et Porte-Parole de l’UDI

Entre le jeudi 18 et le samedi 20 juillet, tous les députés ont été appelés à élire les postes clés de l’Assemblée nationale : la présidence, les 6 vice-présidents, les 3 questeurs, les 12 secrétaires, ainsi que les présidents des 8 commissions et les 2 rapporteurs généraux. Ces rôles sont cruciaux pour le bon fonctionnement parlementaire.

 

Le vote pour la présidence a démontré un paysage politique en pleine mutation. Un pacte entre l’axe présidentiel (Ensemble pour la République, ex-Renaissance, MoDem et Horizons) et la droite républicaine a permis de définir une majorité simple alternative à la gauche et à l’extrême droite.

 

Cependant, le processus n’a pas été sans rebondissement. Lors des votes pour les six vice-présidences, le choix du Rassemblement national (RN) de soutenir dès le premier tour deux candidats de La France Insoumise a abouti à l’élection inattendue de vice-présidents de la gauche la plus radicale.

 

Lors des votes pour les vice-présidents et les questeurs, les mêmes votes reproduisant les mêmes effets, les députés RN n’ont donc eu aucun élu, tout comme le groupe MoDem. C’est la raison pour laquelle, les députés d’extrême droite ont décidé de boycotter les votes suivants.

 

Avec ce retrait, l’addition des voix de l’axe présidentiel et de la droite républicaine aurait dû suffire à reproduire une majorité simple qui aurait permis, l’élection d’au moins 8 secrétaires sur les 12. Cependant, après que plusieurs députés ont progressivement quitté le Palais Bourbon, la gauche s’est retrouvée de plus en plus majoritaire au fil des trois tours de scrutin ; aussi sur les 12 postes, pour le centre et la droite, seule une députée Horizons a été élue au 3ème tour à la majorité simple ; tandis que j’étais élu dès le 2ème à la majorité absolue.

 

La conséquence fâcheuse est que Yaël Braun-Pivet malgré son élection à la Présidence, se retrouve en minorité au Bureau de l’Assemblée nationale, à présent composé de 12 députés du Nouveau Front Populaire sur 22 postes.

 

Le samedi 20 juillet, 3ème jour de session, les surprises se sont poursuivies pour les votes des commissions permanentes. Outre la réélection d’Éric Coquerel à la présidence de la commission des Finances (traditionnellement dévolue à l’opposition), à la surprise générale, Charles de Courson a été élu rapporteur général du budget, grâce aux votes du Nouveau Front Populaire et au bénéfice de l’âge en raison de l’égalité des votes (alors que l’usage est que ce poste revienne à un député devant faire le lien entre le gouvernement et le parlement).

 

A mon sens, deux points méritent une attention particulière. Premièrement, l’absence de représentants du Rassemblement National ou du MoDem au Bureau de l’Assemblée est préoccupante. Chaque sensibilité politique devrait être représentée pour refléter fidèlement la diversité de notre démocratie. Même en combattant leurs idées, en ne respectant pas leurs électeurs, on ne rend pas service à la démocratie. Deuxièmement, les stratégies de l’extrême droite, conjuguées à la démobilisation des partis présidentiels, ont facilité l’élection de députés LFI à des postes clés de l’Assemblée nationale. Ce changement risque de transformer encore davantage les débats parlementaires, qui doivent pourtant retrouver de la sérénité afin de répondre efficacement aux aspirations légitimes des Français.