Slava Ukraïni !

Christophe de Contenson, Vice-président du Conseil départemental de l’Allier à la coopération internationale et à l’action du Conseil départemental en faveur des exilés ukrainiens et Maire de Couzon (03)

 

Lorsqu’au détour d’une conversation on m’interroge sur l’Ukraine parce que je m’y suis rendu, que le ton glisse vers une forme de lassitude ou des considérations géopolitiques, je reste interdit par la légèreté intrinsèque des propos.

« Sur le fond, il faudrait laisser le Donbass à Poutine et oublier la Crimée » propos de comptoir comme on commenterait le dernier match de foot ou le dernier tiercé à Longchamp. Indécence et ignorance, car si Poutine gagne sa guerre en Ukraine, de la Moldavie, entre autres, il ne fera alors qu’une bouchée, car il y a de fiers alliés et contrôlera ainsi la mer Noire et tout ce corridor qui jusqu’alors permet à toutes nos exportations de parvenir à cette partie orientale de l’Europe.

 

Dans les salons parisiens, telle indifférence résonnait déjà lorsqu’Hitler fit main basse sur l’Autriche en 1938 puis sur les Sudètes. « Mais non, il n’ira pas plus loin !», on connait la suite. Les mêmes envoyés alors au front pour combattre l’invasion allemande ne furent-ils pas délivrés lorsque les alliés, venus d’outre-Atlantique, nous soutinrent militairement et humainement ? Ainsi donc on s’absoudrait aujourd’hui de faire à nos prochains ce que d’autres, en d’autres temps, sont venus nous faire ? Égoïsme, autocentrisme ? Appelons-le comme vous voulez, mais évoquer la situation en Ukraine et son lot de civils et de soldats morts, de femmes violées, d’enfants arrachés à leurs parents, dans le confort d’un canapé à quelque chose de surréaliste voire de cynique.

 

Faut-il donc toujours vivre dans sa chair certaines expériences pour comprendre de la vie et de ses évènements, la gravité ? Kateryna, jeune étudiante rencontrée à Kyiv pour la rédaction de notre livre* me, disait : « L’Europe dit qu’elle est fatiguée de cette guerre. C’est étrange, mais si nous n’avions pas résisté comme nous l’avons fait, la porte était ouverte à une troisième guerre mondiale. Il ne faut pas l’oublier ! La guerre ce n’est pas une mode ou quelques vidéos sur tik-tok, c’est une tragédie et dans notre cas un génocide. Les Russes sont venus avec nulle autre intention que celle de nous tuer ».

 

Fondateur de la Croix rouge, Henri Dunant, au lendemain de la bataille de Solférino, affirmait déjà : « Il n’y a pas lieu de se fier aux attendrissements humanitaires de l’humanité, la paix du monde est bien malade ». Au moment où Trump et Poutine mettent en scène leurs prochaines retrouvailles, il est urgent pour l’Europe de s’incarner vraiment. Aucune utilité aux nouveaux accords de Yalta ou de Minsk, le respect du droit international comme l’avenir de notre continent nous oblige.

Retrouvez le livre que cite Monsieur de Contenson via ce lien : https://www.terredesbourbons.com/produit/ukraine-resister-art-et-culture-en-temps-de-guerre/