Souveraineté : la Commission européenne a failli…
James Chéron, Secrétaire national de l’UDI aux Affaires européennes, Maire de Montereau (77) et Vice-président de la Région Île-de-France
Pour une fois, une décision de la Commission européenne a rassemblé très largement ! Hélas : contre elle…
L’un des grands sujets de l’Europe est devenue sa souveraineté dans un monde globalisé et multipolaire : sa souveraineté alimentaire, énergétique, militaire, médicale… et naturellement économique.
Et voilà justement le moment choisi par la Commission pour embaucher Fiona Scott Morton à la très sensible et stratégique direction générale de la concurrence. Plusieurs semaines de contestation ont finalement fait reculer la Commission. Heureusement !
Celle qui devait conseiller la Commissaire Margrethe Vestager présente un parcours surprenant pour le poste : outre sa nationalité américaine particulièrement singulière dans les usages communautaires, elle fut notamment consultante auprès d’Apple, Microsoft, Meta (Facebook) et Amazon, des entreprises surveillées de près par l’Union Européenne qui fait la chasse aux pratiques anticoncurrentielles. Matt Stoller, directeur du groupe de réflexion American Economic Liberties Project, la qualifie d’ailleurs lui-même de « cheval de Troie pour Big Tech ». Une championne américaine de l’irresponsabilité des contenus et de l’extraterritorialité de la loi américaine devait donc devenir le fer de lance de la mise en œuvre de la loi européenne de régulation du marché. Cocasse, si ce n’était terriblement inquiétant…
Aucune candidature de qualité d’un(e) citoyen(ne) européen(ne) non aligné(e) aux géants n’aurait pu être retenue ? Qui est derrière cette manœuvre ? Comment la Commission l’a générée ou acceptée ? Une commission d’enquête parlementaire devrait légitimement être créée pour tenter de répondre à ces questions et faire la lumière sur cette nomination véritablement scandaleuse.
Plusieurs groupes au Parlement européen dont les centristes, les conservateurs et les socialistes ont appelé la Commission à y renoncer, elle qui a pris le risque immense de se couper totalement de la réalité, de la volonté démocratique et du projet européen.
La Commission européenne a fini par revenir sur cette nomination, officiellement un renoncement de l’intéressée, révélant fragilités et divisions au sein même de la Commission. Ceci permettra néanmoins de couper cours tant aux risques qu’aux théories eurosceptiques les plus avides de prospérer sur une telle aberration qui aurait été contre les intérêts de l’Union et des pays membres, même si de nombreux gouvernements sont restés muets à l’inverse notoire de la France. Il faudra toutefois réenvisager sérieusement les process de désignation à des postes aussi stratégiques.