Trump 2 : Le retour
Olivier Cadic, Sénateur des Français établis hors de France
Comme en 2017, l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche suscite des tensions entre les États-Unis et l’Europe, au risque de bouleverser l’équilibre transatlantique.
Sa réélection peut être perçue à la fois comme un défi et une opportunité pour la défense et la diplomatie européennes.
D’un côté, les politiques unilatérales de Donald Trump, notamment le retrait des États-Unis de l’accord de Paris ou les menaces sur l’OTAN, ont fragilisé la coopération multilatérale. Cela a incité l’Europe à renforcer son autonomie stratégique, notamment via la Coopération structurée permanente (CSP) et le Fonds européen de défense.
La présidence Trump a agi comme un catalyseur, rappelant aux Européens l’importance de leur souveraineté en matière de sécurité.
D’un autre côté, son approche transactionnelle a exposé les vulnérabilités européennes, notamment dans les domaines économiques et commerciaux.
Les menaces tarifaires sur l’acier ou les automobiles européennes ont illustré les pressions exercées sur l’Union européenne (UE) pour qu’elle s’aligne sur les priorités américaines, y compris vis-à-vis de la Chine.
Face à ces défis, l’Europe a démontré sa capacité à refuser de céder aux injonctions.
Une réponse unie est essentielle, basée sur le respect des règles internationales et la réciprocité. Le Président américain en a fait l’expérience. Il cherchera donc à diviser les pays de l’Union européenne. Cette tactique n’a réussi ni à la Chine ni au Royaume-Uni à l’issue du Brexit.
Plier face à des menaces commerciales affaiblirait l’UE à long terme, rendant ses partenaires encore plus audacieux.
En revanche, des alliances élargies avec d’autres grandes puissances (comme le Japon ou l’Inde) peuvent renforcer son poids dans les négociations. Mais ce n’est pas dans l’intérêt ni du Japon ni de l’Inde d’affaiblir l’Union européenne au profit des États-Unis.
Lors de son premier mandat, Donald Trump a donc, paradoxalement, aidé l’Europe à grandir en affirmant son rôle sur la scène mondiale.
Toutefois, cette croissance a exigé une vision collective et une capacité d’action cohérente.
Plutôt que de céder ou de résister aveuglément, l’Europe doit miser sur un dialogue stratégique ferme, tout en consolidant ses fondations économiques, diplomatiques et militaires.
L’enjeu n’est donc pas tant dans les actions décidées par Donald Trump pour les États-Unis. Il est dans la capacité de l’Union européenne à rester soudée pour ressortir plus forte encore de chaque défi que lui lancera son partenaire.