Un profond mouvement de décentralisation pour réussir la reprise
La crise que nous vivons aura encore permis de démontrer combien le rôle des élus locaux, au premier rang desquels figure les maires, est primordial alors que notre pays fait face à un tel cataclysme.
Depuis le début du confinement, qui est au contact direct de nos concitoyens, qui organise la vie quotidienne dans nos communes, qui coordonne et informe sur les opérations de solidarité locales, qui se démène chaque jour pour chercher dans chaque recoin d’école ou de cantine un carton de blouses, et de sur-chaussures pour aider les infirmières d’un hôpital, qui est au contact direct des Ehpad et de l’ARS lorsque le virus fait des ravages chez nos aînés, qui appelle quotidiennement les personnes isolées et fragiles pour s’assurer qu’elles vont bien, qui organise les réseaux de bénévoles qui aide nos seniors qui ne peuvent sortir de chez eux, qui exonère de loyer municipal les commerçants, artisans, TPE et autres clubs de sport qui ont dû fermer mi-mars, qui maintient le lien social entre nos concitoyens durant une telle épreuve, ce fil ténu qui empêche notre pays de sombrer dans le chaos ?
Ce sont bien sur les communes, leurs maires et leurs élus municipaux.
De la même façon, les Régions et les Départements prennent énormément d’initiatives, parfois en dehors de leurs compétences, pour fournir du matériel aux professions de santé, comme l’a fait le Département de l’Essonne en commandant 30 000 tests à destination des Ehpad, comme le font les Régions pour fournir des masques aux hôpitaux, pharmacies, associations et communes, se substituant à un Etat à l’absence de réactivité sidérante. Ces Régions qui développent en quelques semaines à peine une politique d’aide d’urgence aux entreprises, comme l’a fait l’Île-de-France de Valérie Pécresse en réaffectant des crédits prioritairement au profit du monde économique.
Au milieu de cette tempête, on ne peut que constater l’absence de l’Etat. L’Etat coordonnateur, l’Etat organisateur, l’Etat régulateur, l’Etat stratège ne joue pas son rôle.
Certes, l’Etat confine, consulte les scientifiques, donne des chiffres sur l’avancée quotidienne du virus, prend des mesures fiscales au profit des entreprises.
L’Etat bureaucrate à l’infinie lourdeur administrative est lui plus que jamais présent. Deux exemples liés à la crise actuelle résument bien les entraves que les maires subissent :
- l’Etat qui demande aux préfets d’interdire les arrêtés des maires obligeant leurs concitoyens à sortir le visage couvert n’est pas dans son rôle lorsque l’on traverse une telle crise. Ce faisant par ailleurs, il avoue ne pas avoir de stratégie globale et arrêtée concernant le port du masque. Le référé rendu le 17 avril par le Conseil d’Etat contre l’arrêté de Philippe Laurent, maire de Sceaux, est un concentré de doctrine jacobine totalement dépassée.
- La fermeture générale des marchés des villes décidée unilatéralement fin mars par le Gouvernement, puis la décision de ce dernier d’autoriser leur ouverture au cas par cas a créé des situations inégalitaires sur l’ensemble du territoire, parfois dans deux villes voisines. D’autant plus que les maires avaient pris les bonnes mesures pour sécuriser leurs marchés, que les supermarchés restent ouverts et que la situation économique des commerçants ambulants est très difficile.
L’Etat doit en finir avec ces pratiques autoritaires et arbitraires qui ne sont plus supportables et qui n’ont plus de justification.
La sortie du confinement est annoncée par le Président de la République pour le 11 mai.
Un risque n’est pas à exclure : celui que cette crise sanitaire mute, tel un virus, vers une profonde crise économique, une crise sociale et peut être une crise politique comme notre pays en a peu connu dans sa récente histoire.
Parmi les nombreux paramètres qui vont décider de la capacité de rebond de la France, le rôle que joueront les collectivités locales sera déterminant.
Or même si personne ne le dit, ce sont bien les élus locaux, maires, conseils régionaux et départementaux qui vont être les piliers et les acteurs de proximité du déconfinement.
D’abord parce que les élus seront en première ligne, comme ils le sont déjà depuis le début de l’épidémie : pour remettre en route le moteur du lien social dans un contexte de sortie progressive du confinement, pour assurer le maintien des principes républicains afin d’éviter le délitement d’un pays qui peut être à bout dans un mois ou deux, pour rester l’acteur local de l’organisation de la solidarité, pour être le pourvoyeur d’aides financières pour le redémarrage de l’activité économique communale, départementale et régionale. Tous ces enjeux, nous les porterons.
Mais notre rôle sera aussi prépondérant pour remettre le pays sur la voie de la reprise économique : les collectivités locales sont, rappelons-le, les premiers donneurs d’ordre auprès des entreprises.
Comment accélérer la commande publique, comment favoriser une économie locale solidaire et réactive, tant de la part de nos collectivités que de la part des grandes entreprises, comment utiliser en urgence le foncier disponible pour installer une production stratégique qui va chercher à se relocaliser ?
Nous avons la capacité, l’expertise, l’énergie, les savoir-faire politiques et techniques pour relever tous ces défis.
Mais nous ne réussirons que si l’Etat prend enfin la mesure du besoin urgent de procéder à un nouvel acte de décentralisation.
Les communes, régions, départements, ont plus que jamais besoin de leur liberté d’action, de la fin des entraves d’une Administration hyper centralisée qui ralentit, contraint et décourage les initiatives innovantes.
Or nous allons avoir plus que jamais besoin d’initiatives nouvelles pour relancer la commande publique.
Entre le lancement d’un appel d’offres et l’attribution du marché, il se passe plusieurs mois, un délai beaucoup trop long pour des entreprises qui vont devoir relancer la machine dès les premiers jours de la reprise.
Des mesures volontaristes doivent être prises par le gouvernement pour nous affranchir de ces contraintes. De la même façon, les collectivités vont avoir la volonté naturelle de donner la priorité à leur tissu local entrepreneurial, commerçant et artisan.
Là aussi, il faut nous donner les moyens de déclarer la préférence locale.
Jean-François Vigier
Maire de Bures-sur-Yvette (Essonne), Vice-président de la communauté d’agglomération Paris-Saclay en charge du développement économique, Président du groupe UDI et apparentés au Conseil Régional d’Ile-de-France
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