Le président de l’UDI ne cache rien de ses divergences avec la ligne de Laurent Wauquiez pour les élections européennes.
La triade des Républicains ne change rien au jugement négatif porté par Jean-Christophe Lagarde sur la stratégie de Laurent Wauquiez. «Je constate que la droite traditionnelle, celle de Chirac et Sarkozy, n’aura pas de liste pour la représenter aux élections européennes», accuse le président de l’UDI. Lui-même tête de liste, lancé à grande vitesse dans la campagne, le député de Seine-Saint-Denis ne mâche pas ses mots contre Les Républicains. «La direction des LR a confié la liste à l’extrême droite. C’est désormais la liste de Sens commun avec M. Bellamy, car on peut toujours ajouter tout ce que l’on veut derrière, mais le choix de la tête de liste et la ligne politique choisie sont le contraire de ce qu’ont toujours porté Chirac et Sarkozy, sans parler d’Alain Juppé.»
d’attraction sur les électeurs de droite «qui ont toujours suivi la ligne classique de la droite gaulliste et humaniste».
Au moment où Laurent Wauquiez propose habilement un panel de sensibilités, en s’appuyant sur une proche de Valérie Pécresse (Agnès Evren) et sur un ex-soutien d’Alain Juppé (Arnaud Danjean), Lagarde veut protéger son espace politique en misant sur les divisions de la droite. «On sent bien le malaise des militants et des élus. Ils craignent de se retrouver embarqués derrière un candidat que ne leur ressemble pas», insiste le président du groupe UDI-Agir à l’Assemblée. Et si ses rivaux à droite lui objecteront un respect des courants dans leur projet politique européen, Lagarde balaye l’argument d’un revers de main: «La tête de liste est la ligne politique que l’on choisit. Avoir, dans la même liste, des gens qui pensent radicalement le contraire, c’est perdre son bulletin pour ceux qui sont contre l’Europe ou veulent la détruire en proposant de la réécrire avec l’Europe des cinq!»
Si le président de l’UDI associe le candidat Bellamy (qu’il avoue n’avoir jamais rencontré) au mouvement Sens commun présidé par Laurence Trochu, c’est pour mieux le relier à la famille conservatrice. «Ce candidat est curieux. Il nous explique qu’il est contre l’avortement et contre la pilule en nous disant qu’il ne défendra pas ses convictions. Dans ce cas, à quoi bon être candidat?», interroge Lagarde, en estimant qu’une telle position est un «casus belli absolu» dans le parti dont Simone Veil fut «l’adhérente numéro un». De son côté, François-Xavier Bellamy affirme, sur l’IVG, se situer dans le prolongement de Simone Veil, lorsqu’elle considérait que «tout avortement est et restera un drame». Il plaide pour que la réduction du nombre d’IVG soit un «objectif national de santé publique».
Mais sur ce sujet comme sur l’Europe, Lagarde maintient ses critiques. De nombreux électeurs de la droite et du centre ne soutiendront pas, selon le président de l’UDI, un «candidat bull shit» prêt à renoncer à ses propres «convictions» pour dire «ce que les autres veulent entendre». Quant aux deux colistiers de Bellamy, Lagarde émet un commentaire cinglant: «Je comprends parfaitement tous ceux qui veulent avoir, ou conserver, un siège européen.» Jean-Christophe Lagarde dévoilera sa propre liste en mars: «Elle sera ouverte aux gens de l’UMP (sic), à ceux qui n’en peuvent plus de voir renier le projet historique de la droite et n’ont pas envie d’être manipulés par le calcul politique de M. Macron.»